Présentation du dossier: Pour les droits culturels et le droit à la culture

Pensée comme un privilège, la culture représente une forme de domination. Pensée dans la perspective des droits, dans la logique de l’interdépendance de ceux-ci, elle est un contre-pouvoir.

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Christian Nadeau, président
Ligue des droits et libertés

Pensée comme un privilège, la culture représente une forme de domination. Pensée dans la perspective des droits, dans la logique de l’interdépendance de ceux-ci, elle est un contre-pouvoir, dans un rapport de solidarité et de complémentarité, face aux volontés hégémoniques pour surmonter les impuissances, les angoisses et les fables qui invitent à la résignation. En ce sens, la force libératrice de la culture demeure toujours nécessaire, hier comme aujourd’hui.

Ce dossier aborde ces questions essentielles sous différents angles. Pierre Bosset commente la quasi absence des droits culturels dans le paysage des droits humains. Georges Leroux se penche sur la Déclaration de Fribourg, considérée aujourd’hui comme la charte pionnière de la promotion des droits culturels dans le monde. Amel Zaazaa explique pourquoi, même si la culture peut être synonyme d’émancipation, dans l’état actuel des choses, elle incarne, voire renforce, les rapports de pouvoirs inégaux entre les groupes. Louise Sicuro expose l’importance d’un véritable accès à la culture pour chaque personne. Nelly Daou démontre la nécessité de favoriser une dynamique de participation à la création artistique pour ne pas appréhender la culture qu’en spectateur.

Comme l’expose Ianik Marcil, la privatisation de la culture favorise la diffusion en sous-main de l’idéologie économique dominante. Valérie Amiraux examine la façon dont la peur du risque d’essentialisation du rapport à la culture des minoritaires occulte une essentialisation tout aussi risquée des représentations culturelles majoritaires. Sylvie Paré commente les efforts pour que cesse l’appropriation coloniale de l’art autochtone et souligne l’importance de valoriser l’art autochtone dans le respect de la culture dont il est issu. Julie Chateauvert analyse en quoi le langage des signes est plus qu’un simple moyen de communication entre personnes malentendantes. Enfin, l’entretien avec Gabrielle Kinté expose l’importance de développer un projet qui, comme la librairie Racines, met de l’avant l’histoire et les conditions de vie des personnes racisées à Montréal Nord.

En plus des auteur-e-s, nous tenons à souligner la contribution à ce dossier d’artistes en arts visuels et littéraires : Lucie Bourassa (photos), Nadine Ltaïf, Élise Turcotte, Rodney St-Éloi, Ouanessa Younsi, et D. Mathieu Cassendo. Il nous semblait important de rendre hommage à la culture par ceux et celles qui la font et grâce à qui la beauté lutte contre la brutalité de notre monde.

 

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