Haine et panique morale au croisement de la transphobie et de la domination adulte. – Les formes de résistance  3/3

S’il y a eu des avancées notables pour les droits des personnes trans et non binaires au Québec et au Canada, des reculs importants se font maintenant sentir tout comme des démonstrations de haine. Dans cette série de trois carnets, nous aborderons les enjeux entourant les droits des personnes trans et non binaires.

Aux personnes 2ELGBTQIA+, particulièrement les jeunes : vous êtes aimé-e-s, valides et magnifiques

Les formes de résistances possibles et actuelles

Le troisième carnet d’une série de trois, rédigés par Maël Maréchal, écrivain-e, personne enseignante et travailleureuse communautaire de Montréal

Cette tribune permet d’aborder des sujets d’actualité qui sont en lien avec les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels au Québec, au Canada ou ailleurs dans le monde. Les carnets sont rédigés par des militant-e-s des droits humains et n’engagent que leurs auteurs et autrices.


Les communautés trans et non binaires, et leurs allié-e-s, s’organisent depuis longtemps afin de défendre leurs droits et leur existence, se prêter une aide mutuelle et résister aux attaques contre leur intégrité. Au Québec, elles sont épaulées depuis 1980 par Aide aux Trans du Québec (ATQ) et depuis 1998 par l’Action Santé Travesti(e)s et Transsexuel (le) s du Québec (ASST(e) Q). Le GRIS Montréal et la Coalition des familles LGBT+ sont deux autres organismes qui permettent de combattre les préjugés sur ces communautés et leur permettre de fonder des familles dotées de support adéquat. Helem et Arc-en-ciel d’Afrique donnent aussi l’opportunité aux personnes arabo-queer et racisées de se rencontrer, de protéger leurs droits et de sensibiliser les gens aux problématiques qui les touchent.

Émergeant bien évidemment partout dans la population, et étant dotés d’une belle capacité à réseauter, les membres de toutes ces communautés développent une militance diverse. Les actions menées vont de la manifestation et contre-manifestation[1], aux heures de conte drag, aux cliniques de transition légales, en passant par des groupes de soutien et soupers communautaires, la grève de la faim, les entrevues données aux médias et la rédaction de manifestes, de lettres ouvertes, de romans et de poésie, de balados, de spectacle d’humour, voire l’action directe afin d’afficher leur mécontentement et leur colère et de faire respecter leurs droits.

Elles peuvent aussi compter, dans leurs luttes contre les groupes réactionnaires, sur des médias comme les jeunes podcasts « Toustes » et « Seggs » qui démystifient certains enjeux reliés à leurs communautés en fournissant des informations claires et scientifiques de manière humoristique, artistique et empathique, et des chanteuses telles que Tegan et Sara qui ont rédigé récemment une lettre ouverte intitulée Artists Against Anti-Trans Legislation signée par plus de 600 artistes canadien-ne-s.

L’Association canadienne des libertés civiles (ACLC) est également une alliée : elle intente un recours judiciaire contre le projet de loi 137 du gouvernement de la Saskatchewan et contre la politique 713 du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Certaines commissions scolaires contestent aussi la politique de ce dernier[2].

Soutenues, donc, et dotées d’une force de caractère admirable, les communautés trans et non binaires, bien qu’elles soient confrontées à une recrudescence de la haine à leur égard, sont plus présentes que jamais et se mobilisent constamment avec force et intelligence pour contrer simultanément les éléments les plus dangereux à leur existence et la désinformation qui les soutiennent, et, surtout, soutenir et écouter les plus jeunes afin qu’iels bénéficient de meilleures conditions d’existence et qu’iels puissent choisir celles qui les feront s’épanouir.


Consulter les autres textes

Carnet 1 /3 – Comment s’en sortir?

Carnet 2 /3 – Les causes du ressac


[1] La One million March for Children a été contrée dans chacune des villes où ses partisan·es se sont manifesté·es par des personnes des communautés 2ELGBTQIA+ et leurs allié·es.

[2] Voir le texte de Pascal Raiche-Nogue  du 9 juillet 2023, « Politique 713 : le conflit entre le ministre et un district anglophone s’envenime » : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2086918/dsae-gouvernement-guerre-ouverte-nb