Déclaration à signer
Exigeons le retrait du projet de loi n° 94 sur la « laïcité » dans le réseau de l’éducation
Une menace pour les droits humains et pour le réseau public d’éducation
Une véritable laïcité de l’État est ouverte, inclusive et respectueuse des droits et libertés. Le projet de loi 94 met plutôt en péril le droit des élèves à évoluer dans un environnement respectueux des diversités.
La déclaration
La Ligue des droits et libertés (LDL), l’Équipe IDEÉ (Inclusion et diversité ethnoculturelle en éducation), l’Observatoire des inégalités raciales au Québec (OIRQ), l'Observatoire pour la justice migrante (OPLJM) et l’Association canadienne pour les libertés civiles (ACLC) unissent leurs voix pour exiger le retrait du projet de loi no 94 (PL94), Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
Nous rappelons qu’une forte opposition de la société civile existait en 2019 contre le projet de loi 21, Loi sur la laïcité de l’État. Adoptée malgré tout et sous bâillon, cette loi a engendré des violations de plusieurs droits humains depuis maintenant plus de six ans.
Les droits et libertés devraient pourtant être au cœur de la laïcité de l’État véritable, ouverte et inclusive, que nous défendons.
Plutôt que de rectifier le tir, six ans après l’adoption de la Loi 21, le gouvernement du Québec poursuit avec la même vision erronée et discriminatoire de la laïcité en déposant le PL94.
Une menace pour notre réseau public d'éducation
Par cette déclaration, nous dénonçons le fait que ce projet de loi ne s’appuie sur aucun fondement scientifique, qu’il vise à régler un problème inexistant et qu’il sert de diversion pour masquer les nombreux problèmes qui menacent le réseau public d’éducation québécois : sous-financement, manque de ressources, pénurie de personnel, etc. Il prévoit aussi une centralisation abusive du pouvoir entre les mains du ministre de l’Éducation et impose des charges administratives lourdes et inutiles aux équipes écoles, déjà débordées et sous-financées.
En interdisant le port des signes religieux et en empêchant dorénavant tout accommodement religieux;
En cherchant à imposer de soi-disant « valeurs québécoises »;
En imposant l’usage du français en toutes circonstances, sans prendre en considération qu’une telle mesure est inapplicable et que de nombreuses études scientifiques démontrent l’importance des autres langues à l’école notamment pour l’apprentissage du français, et alors qu'il est démontré que de telles approches coercitives sont inefficaces sur le plan de la réussite éducative, nuisent à la participation des élèves et engendrent des attitudes négatives et discriminatoires face à la diversité linguistique;
Le PL94 instaure un climat de surveillance et de délation qui met en péril le droit des élèves à évoluer dans un environnement inclusif, pluraliste et respectueux des diversités.
Il limite gravement la mission de socialisation, la réussite éducative et la mobilisation et la valorisation de la communauté éducative au sein de l’école québécoise francophone, en rejetant de l’espace scolaire toute manifestation de la diversité religieuse et linguistique. Or, c’est grâce à cette diversité à l’école, que les élèves sont exposés à des réalités autres que celles qu’ils vivent dans leur environnement immédiat.
Bafouer les droits tout en accentuant la pénurie de main-d’œuvre
L’interdiction du port de signes religieux à l’ensemble du personnel scolaire aura pour effet d’accentuer de manière importante la pénurie de personnel qualifié, déjà criante dans le réseau. Cette interdiction constitue une discrimination directe à l'embauche et porte atteinte à plusieurs droits humains, notamment au droit à la dignité, à l’égalité et à la sécurité de la personne, aux libertés de conscience, de religion et d'expression, ainsi qu'au droit au travail et à un niveau de vie suffisant.
En ciblant directement certains groupes, et en particulier les femmes musulmanes portant le voile, ce projet de loi alimente l’islamophobie et le climat d’intolérance dans la société québécoise.
Une attaque frontale contre nos droits
Bien conscient que son projet bafoue ces droits, le gouvernement de François Legault utilise une nouvelle fois les clauses dérogatoires des Chartes québécoise et canadienne pour se soustraire à l'examen des tribunaux et empêcher tout recours judiciaire par les personnes lésées.
Cette utilisation de plus en plus systématique des clauses de dérogation est une attaque directe et délibérée aux fondements de notre régime de protection des droits humains.
Le PL94 : ça ne passe pas!
Le gouvernement doit faire marche arrière et retirer ce projet de loi qui menace deux fondements de la société québécoise, soit notre système public d’éducation et notre régime de protection des droits humains.
Profondément engagé-e-s dans la sauvegarde de ces deux piliers, nous réclamons que le gouvernement respecte ses obligations en matière de droits humains et prenne des actions fortes pour assurer la pérennité du système d’éducation public, et ce, en prenant en compte les points de vue des expert-e-s, des personnes et groupes concernés, et de l'ensemble des acteurs du réseau.
Vignettes à partager sur les réseaux sociaux
Le projet de loi 94, en bref…
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Détourne l’attention des véritables enjeux en éducation : sous-financement, manque de ressources, pénurie de personnel, etc.
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Met en péril le droit à l’éducation et compromet le droit des élèves à un environnement scolaire inclusif, pluraliste et respectueux des diversités.
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Confère un pouvoir arbitraire au ministre de l’Éducation et centralise le pouvoir entre ses mains.
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Aggrave la pénurie de personnel en interdisant aux femmes portant le voile de travailler dans les écoles publiques.
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Élargit la Loi sur la laïcité de l’État de 2019 à l’ensemble du système d’éducation public, sous prétexte de régler un problème inexistant.
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Interdit tout accommodement religieux, sans égard aux avis des acteurs du milieu et aux réalités sur le terrain.
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Crée un climat de suspicion et de délation entre les acteurs du réseau de l’éducation.
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Alourdit la tâche administrative des enseignant-e-s et des directions scolaires.
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Empêche d’utiliser d’autres langues que le français à des fins pédagogiques.
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Enfreint la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, notamment en ce qui concerne la liberté religieuse, l’égalité et la non-discrimination en emploi.
Points de vue
Encore une fois, le gouvernement de la CAQ utilise les clauses dérogatoires parce qu’il sait pertinemment que son projet de loi viole plusieurs droits. Le fait de contourner les Chartes et les tribunaux est une tendance que l’on voit chez plusieurs gouvernements de droite à travers le monde, et qui devrait nous inquiéter au plus haut point.
- Paul-Étienne Rainville, responsable de dossiers politiques, Ligue des droits et libertés.
Le projet de loi 94 s’inscrit dans une logique de fémonationalisme, où l’émancipation des femmes est instrumentalisée à des fins nationalistes et sécuritaires. Sous couvert de laïcité, cette législation renforce le contrôle des corps des femmes musulmanes et perpétue l’idée que certaines femmes doivent être "libérées" de leurs propres choix. En ciblant des jeunes filles et des femmes déjà marginalisées, l’État produit une violence symbolique et matérielle qui compromet leur accès à une éducation égalitaire.
- Amel Zaaza, Coordonnatrice générale de l'Observatoire pour la justice migrante.
Le projet de loi 94 s'appuie sur les violations préjudiciables des libertés civiles déjà inscrites dans le projet de loi 21, forçant davantage les individus à choisir entre leur foi et la poursuite de leurs études ou de leur carrière professionnelle. Cette législation marque une expansion inquiétante de la surveillance étatique et une intrusion sans précédent dans la vie privée des élèves et des familles au Québec. Son impact sera profondément disproportionné et discriminatoire, touchant particulièrement les femmes, les communautés racialisées, les minorités religieuses et les immigrants.
- Harini Sivalingam, directrice du programme Égalité de l'Association canadienne des libertés civiles
Le projet de loi 94 privilégie une approche coercitive plutôt qu'éducative, ce qui met en péril la mission de socialisation de l’école québécoise et risque d’affecter tous les élèves.
- Sivane Hirsch, professeure, membre de l’Équipe IDEÉ, Inclusion et diversité ethnoculturelle en éducation.
Par ses interdictions, le projet de loi 94 renforce l'exclusion et la marginalisation des élèves et du personnel minorisés sur les plans religieux ou linguistique et va à l’encontre de plusieurs recommandations visant à soutenir la réussite éducative de ces élèves.
- Corina Borri-Anadon, professeure, membre de l’Équipe IDEÉ.
Déclaration à signer
Exigeons le retrait du projet de loi n° 94
sur la laïcité dans le réseau de l’éducation
Coordonnées
Déclaration : exigeons le retrait du projet de loi n° 94 sur la laïcité dans le réseau de l’éducation
La présente déclaration et la liste des signataires seront transmises au gouvernement du Québec et aux partis d'opposition de l'Assemblée nationale à la session parlementaire de l'automne 2025, dans la foulée de l'étude détaillée du projet de loi 94.
Seul votre nom, ainsi que votre titre ou organisation d'affiliation s'il y a lieu, apparaitront publiquement dans la liste de signataires.
Organisations signataires
En date du 12 septembre 2025
*La liste des organisations est mise à jour périodiquement.
- Alter Justice
- Alternatives
- Amnistie internationale Canada francophone
- Association des juristes progressistes
- Association canadienne des libertés civiles
- Association des 60-Pour-Cent/Projet asso. pour des Zones sans Oppression
- Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) Ouareau
- Au bas de l'échelle
- Auto-Psy
- Auto-Psy (Région de Québec)
- CALACS de Charlevoix
- Carrefour d'Action Interculturelle
- Centre des enfants
- Centre de femmes Entre Ailes
- Centre de femmes Érige
- Centre de Femmes Les Elles du Nord
- Centre d'éducation et d'action des femmes de Montréal
- Centre des femmes de Laval
- Centre des femmes de Longueuil
- Centre des femmes d'ici et d'ailleurs
- Centre des Femmes du Ô Pays
- Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI-IWC)
- Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI-IWC) - Bas Saint Laurent
- Centre Femmes d'aujourd'hui
- Centre pour la liberté d'expression/Centre for Free Expression [CLE/CFE]
- Collectif de la revue À Bâbord!
- Comité de solidarité/Trois-Rivières
- Conseil Canadien des Femmes Musulmanes-Québec
- Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN)
- Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
- Co-Savoir
- Diagramme relations interculturelles
- Équipe IDEÉ (Inclusion et diversité ethnoculturelle en éducation)
- Fédération des femmes du Québec (FFQ)
- Fédération des maisons d'hébergement pour femmes
- Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
- Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
- Fondation Béati
- Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec (GRFPQ)
- Harambec renaissance du collectif féministe Noir
- Institut F
- Je Passe Partout: Services de soutien scolaire et intervention familiale
- Laboratoire Éducation et Diversité en Région (LEDIR) de l'Université du Québec à Trois-Rivières
- La Marie Debout centre d'éducation des femmes
- Le Jardin Éducatif du Pontiac
- Les Scientifines
- Ligue des droits et libertés
- Ligue des droits et libertés - Section de Québec
- L'R des centres de femmes du Québec
- Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ)
- Mouvement transféministe
- Observatoire des inégalités raciales au Québec (OIRQ)
- Observatoire pour la justice migrante (OPLJM)
- Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata RASST
- Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
- Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCLD)
- Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD)
- Réseau d'action des femmes en santé et services sociaux
- Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)
- Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA)
- Revdec, lutte contre le décrochage scolaire et social à Montréal
- Regroupement des organismes en hébergement pour personnes migrantes (ROHMI)
- Regroupement québecois des Centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS)
- Solidarité populaire Estrie
- Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
- Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
- Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)
- Table régionale des organismes volontaires d'éducation populaire (TROVEP) de Montréal
- Uniphare
Liste complète des signataires