La culture policière selon Janet Chan

L’auteure propose de reconsidérer le concept de culture policière en comprenant qu’il existe plusieurs cultures au sein d’une organisation policière.

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Geneviève Breault, étudiante à la maîtrise en droit à l’UQAM et stagiaire à la Ligue des droits et libertés.

Le concept de culture policière a émergé au cours des années 1970 dans le cadre d’études ethnographiques sur le travail policier de routine. Ce concept référait alors aux normes et valeurs professionnelles informelles régies par la structure hiérarchique rigide des organisations policières. Or, la culture policière est aujourd’hui principalement décrite de façon négative et identifiée comme l’un, sinon le principal obstacle à une réforme de la police.

Lysiane Roch
La police au Québec… intouchable? Revue Droits et libertés, Volume 37, numéro 2, automne 2018

Dans un article paru en 1996, la chercheure australienne Janet Chan[1] propose de revoir notre vision de la culture policière afin de cesser de la traiter comme une conception homogène, déterministe et isolée de l’environnement extérieur. Elle suggère plutôt de reconnaitre l’existence de plusieurs cultures au sein d’une organisation policière qui varient d’un corps policiers à l’autre. Elle recommande également de situer les cultures policières dans le contexte politique et social du maintien de l’ordre dans lequel les policier-ères peuvent jouer un rôle actif et interprétatif en s’adaptant ou encore en résistant à leur environnement.

Chan se réfère à la théorie relationnelle de Bourdieu, qui explique la pratique culturelle comme le résultat d’une interaction entre les dispositions culturelles (habitus) et les positions structurelles (champ). Il considère que nous errons en pensant que l’on peut réformer une pratique policière en modifiant les comportements et les façons de faire des policier-ères (habitus) sans agir sur les structures et le contexte politique, social, juridique et organisationnel (champ) dans lequel s’inscrit le travail de la police. Des modifications sur les deux plans sont nécessaires et doivent être réalisées de façon parallèle, sinon toute réforme s’avérera inefficace car ses effets ne s’inscriront pas dans le temps. À ce titre, il serait, par exemple, improductif d’offrir de la formation continue aux policières et policiers afin de modifier leurs pratiques et approches d’intervention sans resserrer les règles qui balisent leur pouvoir discrétionnaire ou encore adopter des mesures législatives contraignantes.

[1] Résumé de l’article de Janet Chan, Changing police culture, The British Journal of Criminology, 36(1), 109-134, 1996.

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