Dominique Peschard,
Comité sur la surveillance des populations, Ligue des droits et libertés
En Floride, Tampa Bay Monitoring offre aux parents la possibilité de surveiller leurs enfants et adolescent-e-s, peu importe où elles et ils sont, au moyen d’un moniteur fixé à la cheville. Le dispositif ne peut pas être enlevé par l’enfant, et si ce dernier tente de le sectionner, un signal d’alarme est envoyé au parent, comme si l’enfant essayait de s’échapper. Tampa Bay Monitoring offre également un dispositif plus discret, mais tout aussi intrusif, sous la forme d’un bracelet appelée Buddi.
Cette technologie, réservée jusqu´à récemment aux prisonnier-ère-s en liberté surveillée, est de plus en plus appliquée à des populations jugées vulnérables : enfants, personnes âgées et personnes vivant avec un handicap.
Un sondage du Pew Research Institute rapportait que déjà 16 % des parents pistaient les déplacements de leurs enfants de 13 à 17 ans et que de plus en plus de compagnies se lancent dans ce marché en pleine expansion. La compagnie Angel Sense offre un dispositif GPS cousu dans la chemise et une ceinture qui ne peut être enlevée sans clé. Une autre compagnie offre un dispositif qui permet également de parler à l’enfant et d’écouter tout ce qui se passe autour de lui.
Ces dispositifs répondent davantage aux besoins de sécurité de parents de plus en plus anxieux qu’à ceux de l’enfant. Ils font peu de cas de son besoin d’autonomie et de l’importance de cette autonomie dans le développement de sa personnalité. Qu’en est-il des droits de la jeunesse? Jusqu’où la surveillance parentale peut-elle aller, surtout dans le cas d’adolescent-e-s plus âgés, sans porter atteinte à leurs droits reconnus dans la Charte? Sans compter que ces systèmes conditionnent les enfants, dès leur plus jeune âge, à considérer la surveillance permanente comme un fait normal de société.
Ces systèmes permettent également de récolter une foule de données sur les personnes qui les portent et, indirectement, sur leur entourage. Quel usage les compagnies qui offrent ces services font-elles de ces données? Cette question est d’autant plus importante qu’il s’agit de mineur-e-s et qu’elles et ils n’ont probablement pas consenti à porter ces dispositifs.