C’est sans aucune réserve que la Ligue des droits et libertés appuie cette campagne, tout particulièrement parce qu’elle vise à rappeler aux élu-e-s et tout autre acteur de la société québécoise que, peu importe leur statut, les travailleurs et travailleuses migrants doivent bénéficier des mêmes droits que tout autre travailleur-euses. Comme toute autre personne, ces travailleurs-euses doivent également se voir reconnaître, sans aucune distinction ou discrimination, le droit de prendre part à la vie politique et le droit d’exercer leur citoyenneté. À cette fin, il faut leur garantir l’exercice de leurs droits civils et politiques tout autant que leurs droits économiques, sociaux et culturels, tels qu’énoncés dans les pactes internationaux qui protègent ces droits.
Or, le traitement juridique ainsi que les politiques et programmes actuellement imposés aux travailleurs migrants, en raison de leur statut, participent à la discrimination systémique dont ils et elles sont victimes. Ils constituent un obstacle majeur à l’exercice d’un ensemble de droits : les droits reliés au travail ainsi que le droit d’association, le droit au logement, à la santé, à un revenu suffisant, de même que l’accès la justice, et l’accès à des recours effectifs pour faire valoir leurs droits.
Ce traitement discriminatoire qu’on leur impose fait de ce groupe des travailleurs-euses et des citoyen-ne-s de seconde zone et en bout de ligne les prive de leur citoyenneté à part entière. Ce traitement est totalement inacceptable du point de vue des grands principes liés aux droits humains et ce, ne serait-ce qu’en regard de l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) qui affirme clairement: « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».
Ainsi, toute règle de droit, toute politique ou toute pratique d’une autorité gouvernementale ou autre qui aurait pour effet de donner un accès limité à l’exercice d’un droit en raison du statut de la personne ne peut trouver aucune justification du point de vue des droits humains.
Pour donner justice aux travailleurs-euses migrants, il faut d’abord reconnaître qu’ils et elles détiennent les mêmes droits humains que toute autre personne, peu importe leur statut. L’État et toute autre intervenant-e ont l’obligation d’agir en conséquence.
Pour qu’il y ait des avancées significatives en ce sens et permettre l’accès à la citoyenneté pour ces travailleurs-euses étrangers temporaires qui occupent des emplois peu spécialisées, parmi l’ensemble des revendications mises de l’avant dans le cadre de cette campagne, nous retenons que le Gouvernement du Québec doit permettre à ces personnes migrantes de se qualifier à la résidence permanente. Si elles travaillent chez nous, elles ont le droit d’être ici chez elles!
Il faut aussi assurer une meilleure application des lois du travail, assurer un traitement rapide et prioritaire des plaintes à la Commission des normes du travail, effectuer des inspections pour vérifier le respect des normes, autoriser la personne à rester au Québec durant les procédures, etc. Parce que personne au Québec ne doit tolérer qu’il y ait des sous-classes de travailleurs et travailleuses.
Le Québec a convenu d’adhérer à divers instruments internationaux en matière de droits humains dont les deux pactes internationaux sur les droits civils et politiques et les droits économiques et sociaux. Ces adhésions lui imposent des obligations et nous serons là pour les lui rappeler.