Denis Langlois, un grand militant pour les droits humains
«J’ai côtoyé Denis pendant une douzaine d’années à la LDL. D’abord comme collègue, comme membre du conseil d’administration, dont il a fait partie jusqu’à la fin des années 1990, puis comme membre de divers comités de travail. Denis a eu une implication intense et multiforme pendant toute cette période : coordonnateur du bulletin, porteur de plusieurs dossiers, auteur de nombreux articles, communiqués de presse et lettres ouvertes, représentant dans des comités, formateur, organisateur d’actions, etc. Denis était un homme rigoureux, responsable, compétent,
plein d’initiative, opiniâtre et même, parfois, intransigeant. Mais, ce que je retiens, ce que je vais retenir de l’implication de Denis, c’est qu’il était profondément engagé pour les droits humains et la justice sociale, qu’il était un grand militant pour les droits humains ».
André Paradis, directeur de la Ligue des droits et libertés, 1986-2004
« Notre camarade Denis Langlois est décédé cet été. Révolté dès son adolescence par les diverses injustices sociales, la lutte pour la défense des droits humains, considérés dans leur interdépendance et leur indissociabilité, lui est rapidement apparue comme le moyen privilégié pour combattre ces injustices.
Au tournant des années 1980 et 1990, il a été responsable de l’information à la Ligue des droits et libertés (LDL). Denis a pris l’initiative d’une lettre des hommes en solidarité avec les femmes et les féministes visées par l’attentat antiféministe de Polytechnique en 1989. Il a également joué un rôle crucial, en collaboration avec André Paradis et Gérald McKenzie, dans la mise en place d’une mission d’observation internationale lors de la crise d’Oka avec la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Durant ces années, il s’est également impliqué dans des enjeux concernant la situation des personnes incarcérées, l’immigration, le refuge, la démocratie, les droits des peuples autochtones et la lutte contre le racisme et l’extrême droite. Denis a été l’un des initiateurs de la mise sur pied du Comité sur la violence et le racisme, qui s’inscrivait dans le prolongement de l’intervention de la LDL - et d’autres organismes - sur les skinheads et y a représenté la LDL pendant quelques mois, avant de partir travailler pour le Protecteur du citoyen où il a, entre autres, produit un rapport sur les prisons.
Denis a d’ailleurs participé à plusieurs missions internationales, dont une sur le système carcéral en Équateur pour la FIDH. Il a également participé à une mission d’observation en Haïti organisée par l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) ainsi qu’à des missions internationales d’observation sur la situation des droits humains en Guinée-Bissau, au Sri Lanka, en Argentine et au Chili. De 2000 à 2006, il a été conseiller à la Defensoria del pueblo en Bolivie. Là-bas comme ici, il a donné de nombreuses formations sur les droits humains et leur rôle dans la construction d’une société démocratique et inclusive.
Pour lui, la connaissance de nos droits était essentielle pour nourrir les mobilisations sociales. Les organismes de promotion des droits humains comme la LDL devaient jouer un rôle majeur pour les faire connaitre et amener à les appréhender comme produits et vecteurs des luttes sociales. »
Diane Lamoureux, professeure émérite, Université Laval et membre du CA de la LDL
Voici quelques extraits du Rapport sur l’état des droits humains au Québec et au Canada publié en 2013 pour lequel Denis Langlois, comme militant, a effectué la recherche et la rédaction.
« La démarche nous a également menés à inscrire le rapport sur les droits humains dans une perspective de mobilisation autour d’un projet de société fondé sur la réalisation de tous les droits humains, plutôt qu’autour de l’un ou l’autre des droits […] »
« À la lumière des observations et analyses de ce rapport, tant sur le plan des droits économiques, sociaux et culturels qu’à celui des droits civils et politiques, l’état de situation au Canada et au Québec atteste d’une propension à l’érosion des droits des peuples et des êtres humains. Peu d’éléments dans les décisions des autorités publiques indiquent une volonté de respecter leur engagement découlant de cet article. Car dorénavant, dans notre pays comme dans beaucoup d’autres, les faiseurs d’ordre n’évaluent pas les effets de leurs décisions sur les droits ».
« Pour exercer pleinement nos droits, l’édifice sociétal a besoin d’un grand ménage ».
« Le portrait qui se dégage des réponses fournies [par une trentaine d’organisations du Québec] pousse donc la Ligue à poser la question de l’exercice de nos droits en termes systémiques : n’est-ce pas le mode actuel d’organisation sociale, économique et politique qui serait porteur de violations nombreuses ? »