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Cynthia Smith et Olivia Thomassie
Campagne Juste parce que je suis autochtone
Les événements actuels en territoire sioux à Standing Rock rappellent étrangement ceux de Wounded Knee en 1890. Alors que la population majoritairement non autochtone de la ville de Bismarck a été entendue lorsqu’elle s’est prononcée contre le passage du serpent noir sur le territoire qu’elle habite, la trajectoire du Dakota Access Pipeline (DAPL) a été redirigée vers le territoire sioux. La population autochtone, qui refuse également la présence du DAPL, mène un combat pacifiste auquel répondent violemment les forces états-uniennes. Pendant ce temps, au Québec, des femmes autochtones dénoncent la violence et les abus policiers dans un reportage de l’émission Enquête diffusé en octobre 2015.
Un an après cette sortie publique, une quarantaine de policiers intentent une poursuite contre le diffuseur sous prétexte de propos diffamatoires leur ayant porté atteinte. À Montréal, des jeunes autochtones éprouvent de la difficulté à se trouver un logement et un emploi, sont la cible de préjugés et d’ignorance, subissent de la violence physique et psychologique, juste parce qu’ils sont autochtones. C’est parce qu’elles et ils en avaient assez, localement, régionalement, nationalement et internationalement, de la discrimination que subissent les leurs, et pour léguer un monde plus juste aux générations futures, que des jeunes autochtones résidant à Montréal ont décidé de s’impliquer dans la campagne sur les droits de la personne mise sur pied par le Centre d’amitié Montréal autochtone « Juste parce que je suis autochtone ».
Dès septembre 2015, les jeunes se sont rassemblés pour recevoir de la formation de différents organismes voués à la défense des droits humains, notamment Amnistie internationale, Equitas, Femmes autochtones du Québec et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Elles et ils ont ainsi pu développer leurs connaissances juridiques, mais ont aussi appris comment mettre sur pied une campagne de sensibilisation et de mobilisation. Leur campagne était axée sur la discrimination que subissent les jeunes autochtones au Québec et fut officiellement lancée en mars 2016. Dans le cadre de leur campagne, outre la formation communautaire reçue de différents organismes engagés, elles et ils ont travaillé de concert avec le Wapikoni mobile afin de réaliser deux vidéos.[1] La première témoigne de la difficulté qu’ont les jeunes autochtones à se trouver un logement en ville, à cause des préjugés et de l’ignorance à leur égard. En combinant l’humour, l’imaginaire et la réalité, les jeunes accompagnés d’un cinéaste-formateur ont réussi à aborder le sujet de la discrimination de manière créative. La seconde vidéo permet d’assister à une rencontre à cœur ouvert entre jeunes autochtones qui discutent librement de la discrimination qu’elles et ils subissent ou ont subi, « juste parce qu’ils sont autochtones ».
Cette initiative a également permis aux jeunes de s’impliquer dans leur milieu et de faire de grandes rencontres, d’apprendre, de s’exprimer, de partager et de dénoncer. Elles et ils ont entre autres participé à des activités de consultation avec l’Association nationale des centres d’amitié (ANCA) afin d’apporter leurs idées sur différents projets les concernant. Cette rencontre a même permis à une jeune de participer à une rencontre nationale de jeunes, Gathering Our Voices, qui réunissait en 2016 plus de 2 000 jeunes autochtones du Canada, à Victoria en Colombie-Britannique. Une jeune a été sollicitée pour devenir jeune ambassadrice du Québec pour un projet de l’ANCA. Les participant-e-s ont été invités par les médias à publiciser leur campagne et à transmettre leur message. Les jeunes se sont également vus offrir l’opportunité de mettre en pratique les aptitudes développées lors de la mise sur pied de la campagne en partageant leurs idées dans divers journaux.
La campagne sur les droits de la personne lancée par le Centre d’amitié de Montréal se poursuit pour une deuxième année en 2016-2017. Le nombre de participant-e-s, anciens et nouveaux, à cette deuxième vague de la campagne étonne positivement Montréal autochtone.
Les jeunes autochtones sont conscients que l’ignorance du passé et de la réalité coloniale encore existante sont au cœur des maux et des incompréhensions entre nos peuples. Ces jeunes veulent non seulement dénoncer la discrimination à laquelle elles et ils font face juste parce qu’ils sont autochtones, mais elles et ils veulent aussi sensibiliser la population sur leurs réalités et créer des ponts entre nos peuples. Conscients de vivre dans un monde où toutes les grandes familles humaines partagent dorénavant le territoire qu’est l’Île de la Tortue, elles et ils s’impliquent de plus en plus de différentes façons afin d’améliorer leur sort et de se donner les outils pour atteindre leurs objectifs, pour offrir un meilleur monde à leur communauté et aux générations futures.
Ces jeunes puisent leur force dans le legs de leurs ancêtres et dans l’amour qu’elles et ils portent aux futures générations et à tous les êtres vivants. Tout comme leurs ancêtres, les jeunes autochtones font preuve de résilience, de ténacité, de courage et d’amour. Elles et ils rêvent d’auto-gouvernance et d’auto-détermination, de revitaliser leur langue, leur ordre juridique, leurs traditions, leur culture. Comme leurs sœurs et frères, de Val-d’Or à Standing Rock, elles et ils se tiennent debout, grands et fiers, prennent leur place autour du cercle et font entendre leur cœur. Ensemble, elles et ils disent non à la discrimination « juste parce qu’on est autochtones ». Vous joindrez-vous à nous?
Coordonnateur de projet chez Montréal autochtone
2015-2016 : Simon Riverin;
2016-2017 : Melissa Mollen-Dupuis
Jeunes participant-e-s :
Ashley Dawn Louise Bach
Alex Jackson
Jonathan Mollen-Dupuis
Leslie-Ann St-Amour
Cynthia Smith
Olivia Thomassie
Organismes communautaires partenaires :
Amnistie internationale
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Equitas
Exeko
Femmes autochtones du Québec
Wapikoni mobile