État émotionnel intense dans lequel se trouvent les personnes blanches lorsque qu’une personne racisée critique certains de leurs comportements jugés racistes. Cet état est caractérisé par des réactions vives, défensives, voir violentes. Cela se traduit par des émotions comme la peur, la colère, la culpabilité ou des comportements comme argumenter, minimiser ou arrêter la conversation. Le propre de ces interactions est de mettre l’accent sur les sentiments négatifs que provoque la critique plutôt que sur l’expérience vécue du racisme.
La fragilité blanche provoque souvent un retournement de situation : la personne racisée se retrouve à rassurer la personne blanche – qui se sent coupable ou injustement accusée – et doit apaiser ses craintes sur le fait qu’elle est « une bonne personne ». La fragilité blanche permet de réduire au silence la personne qui fait la critique, de la remettre à sa place. Ainsi, le racisme n’est ni contesté ni questionné, sauf de manière superficielle : l’équilibre du système raciste est alors maintenu. En somme, la fragilité blanche est une réponse émotive et individuelle à la dénonciation d’un système inégalitaire.
La fragilité blanche révèle que les personnes blanches sont rarement confrontées au racisme : elles peuvent facilement éluder le sujet. Elles sont donc généralement inconfortables lorsque la question est abordée sans détour. Par ailleurs, la fragilité blanche sous-entend qu’une « bonne personne » ne peut être raciste, que le racisme recouvre des comportements conscients et intentionnels. Or, cette conception occulte le fait que le racisme est un système qui forge le comportement et les attitudes des « Blancs », comme des « non-Blancs ». Ces comportement sont souvent inconscients, internalisés, d’où l’importance de les nommer pour les débusquer.
Extrait de l’article d’Alexandra Pierre, Militante féminisme et membre du c.a. de la LDL
Revue Droits et libertés, Vol. 35, numéro 2, automne 2016 |