Lettre publiée dans Le Devoir, le 22 septembre 2022
Cécile Rousseau, pédopsychiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants et professeure titulaire au département de psychiatrie à l’Université McGill, l’autrice a cofondé le programme CoVivre de l’Institut universitaire SHERPA. Elle cosigne ce texte avec plus de 100 spécialistes issus des milieux communautaires, académiques, institutionnels et philanthropiques, dont la Ligue des droits et libertés.
La multiplicité des enjeux sociaux abordés dans le cadre de cette campagne électorale a laissé peu d’espace pour aborder la place des organismes communautaires et les conditions permettant de soutenir leur mission, dont le rôle essentiel a été confirmé dans le cadre de la pandémie.
Du 14 au 16 septembre dernier, le forum « La communauté au coeur : dialogue autour des initiatives et des pratiques durant la pandémie » a mobilisé des acteurs clés de la réponse à la crise de COVID-19. Ce forum a rejoint plus de 200 chercheurs, intervenants et gestionnaires des milieux universitaires, de la santé publique, des établissements de santé et des services sociaux, des municipalités ainsi que des organisations communautaires et philanthropiques.
Les présentations et les échanges autour des expériences et des recherches ont permis de s’entendre sur cinq constats principaux pour le Québec, et sur deux actions prioritaires à mettre rapidement en place pour faire face au contexte actuel et préparer l’avenir.
Les constats
1. La pandémie est un phénomène sociosanitaire global qui a affecté non seulement la santé physique, mais aussi toutes les dimensions de la vie sociale : économique, politique, éducative, l’emploi, la santé mentale, etc.
2. La pandémie et les mesures de santé publique telles que le confinement ont eu comme effet d’augmenter les iniquités et les inégalités, et ont fragilisé davantage les populations et les localités plus vulnérables et marginalisées.
3. Si l’ampleur des effets collatéraux négatifs reste encore à déterminer, les interventions sociosanitaires doivent rapidement agir sur les déterminants sociaux de la santé (logement, sécurité alimentaire, conditions de vie, etc.) pour préserver le bien-être et la cohésion dans les communautés.
4. Durant la pandémie, la mobilisation des communautés, la participation citoyenne et la concertation collaborative ont été essentielles et ont permis de créer des pratiques adaptées et novatrices qui ont sauvé des vies.
5. Les organismes communautaires ont été des acteurs clés à cause de leur capacité d’innover, de leur flexibilité et de leur lien privilégié avec les populations locales, notamment les plus vulnérables. Cela a été possible à cause de la mission de ces organisations, reconnue dans la politique gouvernementale de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire, qui promeut la mobilisation communautaire, l’éducation populaire et la promotion de la participation citoyenne.
Cette contribution des organisations communautaires n’a cependant pas été reconnue à sa juste valeur ; au contraire, les organismes ont été fragilisés par la pandémie, le manque d’un financement adéquat et la crise de la main-d’oeuvre.
Les participants et les organisateurs du forum ont dégagé deux actions prioritaires pour faire face aux défis de santé publique créés par la pandémie et se préparer à d’autres crises sociosanitaires prévisibles dans un contexte de mondialisation et de changement climatique.
Les actions prioritaires
1. La reconnaissance rapide de l’action communautaire autonome par l’élargissement et le haussement du financement à la mission de tous les groupes de différents secteurs d’activité (santé et services sociaux, éducation, employabilité, défense des droits, accueil des personnes immigrantes et réfugiées, logement, culture, environnement, etc.).
2. La mise en place de mécanismes de concertation et de collaboration qui assurent les conditions de participation des organisations communautaires qui représentent les populations concernées, notamment les groupes en situation de vulnérabilité, au sein de structures rassemblant les acteurs sociaux et institutionnels locaux.
*Ont cosigné ce texte :
Adina Ungureanu, coordonnatrice de l’Observatoire Famille Immigration
Aimée You
Alain Picard, Conseil des juifs hassidiques du Québec (CJHQ)
Alain-Antoine Courchesne
Amir Harrate, APPR / DRSP Montréal
Anabelle Vanier-Clément, M.Sc., cocoordonnatrice, programme CoVivre
Anna Bonnel, psychologue
Anne Pelletier, DéPhy Montréal
Anne-Marie Paradis, Réseau québécois pour l’inclusion sociale des personnes sourdes et malentendantes
Annie Jaimes, professeure, Département de psychologie, UQAM
Ashely Wazana, MD, professeur adjoint, Université McGill
Audrey Lamothe-Lachaîne, professeure en psychologie, collège de Maisonneuve, chargée de cours, Université de Montréal
Aurélie Broussouloux, directrice générale du Réseau alternatif et communautaire des organismes (RACOR) en santé mentale de l’île de Montréal
Bilkis Vissandjee, Université de Montréal
Carol Bottger
Caroline Toupin, coordonnatrice, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
Catherine Larochelle, professeure, Département d’histoire, Université de Montréal
Catherine Letarte, directrice générale, Ressources communautaires Omega
Cecilia Escamilla, directrice générale Centre d’aide aux familles latino-américaines (CAFLA)
Christine Jetté
Cindy Ngov, MScPH, programme CoVivre
Claire Trottier, directrice, Fondation familiale Trottier
Claude Pinard, président-directeur général, Centraide du Grand Montréal
Colette Daignault-Cummings, OBNL Parole d’exclues
Daniele Salmeron, coordonnatrice de projets
Delphine Van den Bossche, organisatrice communautaire
Diana Miconi, professeure adjointe, Département de psychopédagogie et d’andragogie, Université de Montréal ; membre de l’ordre des psychologues du Québec
Dr. Christina Greenaway, professor of medicine, McGill University, Division of Infectious Diseases, Jewish General Hospital
Dr. Jaswant Guzder, professor, McGill Psychiatry Department
Dyala Hamzah, professeure agrégée, Université de Montréal
Élisabeth Germain, militante féministe et antiraciste
Élise Bourgeois-Guérin, psychologue
Emmanuelle Bolduc, coordonnatrice phase 1, CoVivre
Ève Torres, intervenante institutionnelle et communautaire
France Parent, Oblates franciscaines de Saint-Joseph
Francine Hamel
François Crépeau, Faculté de droit, Université McGill
François Poulin, direction de la Maison des jeunes de Bordeaux-Cartierville
Garine Papazian-Zohrabian, professeure, Université de Montréal
Geneviève Mercille, professeur, Département de nutrition, Université de Montréal
George Tarabulsy, École de psychologie, Université Laval, Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles
Gordon Blennemann, professeur d’histoire, Université de Montréal
Guillaume-Félix Boucher, agent de mobilisation en sécurité alimentaire — Regroupement des tables de concertation de La Petite-Patrie
Habib El Hage, IRIPII
Hélène Hébert, directrice générale par intérim du ReQIS
Henri-Paul Bronsard
Isabelle Ruelland, professeure, École de travail social, UQAM
Janet Cleveland, chercheuse, Institut universitaire SHERPA
Janique Johnson-Lafleur, chercheuse postdoctorale, Université McGill
Javier Fuentes Bernal, TS Clinique Mauve, étudiant.e au doctorat en travail social
Javorka Zivanovic Sarenac, coordonnatrice clinique et de recherche de l’Équipe polarisation Estrie
Jean-Marc Fontan, professeur, UQAM
Jean-Sébastien Fallu, professeur agrégé, École de psychoéducation, Université de Montréal
Jean-Sébastien Patrice, directeur général, MultiCaf
Jill Hanley, professeure et directrice scientifique, IU SHERPA
Johanne Collin, professeure titulaire, Université de Montréal
Joy Schinazi, MPH, cocoordonatrice, programme CoVivre
Julie Desjardins Hébert, CISSSCA
Julie Laloire
Julie Nicolas, Observatoire de l’action communautaire autonome
Julie-Anne Perrault, directrice adjointe, Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM)
Julien Prud’homme, professeur et directeur, Département des sciences humaines, Université du Québec à Trois-Rivières
Justine Gosselin-Gagné
Katia Boudrahem
Krystelle-Marie Abalovi, coordonnatrice de projets de recherche, École de santé publique de l’Université de Montréal
Lara Gautier, professeure adjointe, École de santé publique de l’Université de Montréal
Laurence Guénette, Ligue des droits et libertés
Laurence J. Kirmayer, James McGill, professor & director, Division of Social & Transcultural Psychiatry, McGill University
Laurence Monnais, Université de Montréal
Léa Coget
Liesette Brunson, professeure, Département de psychologie, UQAM
Lisa Benisty, intervenante à Prise 2, ressource alternative en santé mentale
Lisa Merry, professeure agrégée, Université de Montréal
Louise Giroux, responsable des programmes éducatifs en mieux-être, Musée des beaux-arts de Montréal
Louise Potvin, Ph. D, directrice scientifique, Centre de recherche en santé publique, Université de Montréal et CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Lourdes Rodriguez del Barrio, Ph, D, professeure, Université de Montréal ; directrice scientifique d’InterActions ; ÉRASME
Luc Dargis
Malek Batal, Ph. D, FRSC, FCAHS, Chaire de recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé, Université de Montréal
Manon Boily
Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice, Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal
Marie-Ève Samson, doctorante en anthropologie à l’UdeM et chargée de recherche à l’Institut universitaire SHERPA
Marie-Line Audet, Table nationale des Corporations de développement communautaire
Marilou Cyr
Marjolaine Goudreau, présidente du RÉCIFS
Miriam Taylor, chercheuse indépendante
Myriam Richard, doctorante, École de travail social, Université de Montréal
Myrna Lashley, associate professor, Dept. of Psychiatry, McGill University
Naïma Bentayeb, professeure associée ENAP ; chercheuse d’établissement IU SHERPA
Nathalie Godfrind, intervenante et entraidante à Prise 2, ressource alternative en santé mentale
Nimâ Machouf, Ph. D, épidémiologiste
Olivier Bonnet, directeur général, Parole d’excluEs
Olivier Drouin, fondateur de l’initiative citoyenne Covid écoles Québec
Olivier Gauvin, coordonnateur général TOMS
Pascal Chavannes, psychologue et résident en psychiatrie à l’Université de Montréal
Patricia Chartier, coordonnatrice, Coalition des TROC
Paul Hayotte, doctorant en psychologie communautaire, UQAM
Paul-André Lévesque, Ph. D., Direction régionale de santé publique de Montréal
Pierrette Richard, directrice Prise2, ressource alternative en santé mentale
Rachel Kronick, MD FRCPC, Université McGill
Rosita Bitogol, chargée de projet, Clinique MyLumen
Salam El-Majzoub, MD, psychiatry resident, McGill University
Salomé Gueidon, chargée de projet, NewCities
Samuel Veissière, professeur adjoint, Division de psychiatrie sociale et transculturelle, codirecteur, Culture Mind and Brain Program, Université McGill ; clinicien ARH, Équipe polarisation, CLSC Parc-Extension
Sasha Dyck, infirmier, Parc-Extension
Serge Séguin, directeur général
Sonia Hajo, BHSc, MScPH, BCL / JD Candidate, McGill Faculty of Law
Sophia Ratté, organisatrice communautaire
Sophie Laquerre-Duchesne, directrice, centre des jeunes l’Escale de Montréal-Nord
Stephan Reichhold, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes
Sylvie Trottier, membre du conseil d’administration de la Fondation familiale Trottier
Tara Santavicca, MSc santé publique, programme CoVivre
Valérie Amiraux, professeure, Université de Montréal
Vivek Venkatesh, professeur titulaire et cotitulaire Chaire UNESCO-PREV
William Delisle, directeur, Club Ami
Yasmine Abdessettar, programme CoVivre