657 jours de génocide : Israël affame les Palestinien·nes à mort
Déclaration du 25 juillet 2025 de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) dont la Ligue des droits et libertés est membre.
Les déclarations du premier ministre du Canada, Mark Carney, et de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, ne mettent pas fin à la complicité du Canada dans la famine orchestrée à Gaza et le génocide en cours.
La Ligue des droits et libertés demande des actions maintenant, dont des sanctions économiques, commerciales et politiques contre Israël pour la levée du blocus de Gaza, l’entrée massive des camions d’aide humanitaire par des organisations légitimes et reconnues et un cessez-le-feu permanent. Le Canada doit respecter ses engagements en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits humains et poser toutes les actions nécessaires pour faire cesser le génocide et les crimes contre le peuple palestinien, maintenant.
◾ À Gaza, déjà plus de 100 Palestinien·nes sont mort⋅es de faim, dont des dizaines d’enfants. Un bilan provisoire en rapide augmentation : les quelques centres de santé restant dans l’enclave sont débordés par l’afflux de cas de sous-nutrition extrêmes.
◾ Si Israël est autorisé à poursuivre cette politique génocidaire basée sur la famine à Gaza, des dizaines puis des centaines de milliers de Palestinien·nes mourront dans les semaines à venir.
◾ L’inaction des États face à ce génocide en cours constitue une complicité. Face à cela, les dirigeant·es de gouvernements et les responsables d’État sont susceptibles d’être tenu·es personnellement responsables
Paris, 25 juillet 2025. Gaza est sur le point de basculer. Selon les Nations unies (UNRWA), plus de 100 personnes, dont la grande majorité sont des enfants, sont déjà mortes de faim alors que la crise sanitaire s’aggrave rapidement. Si cette politique de famine de masse menée par Israël n’est pas arrêtée, des dizaines, voire de centaines de milliers de Palestinien·nes mourront. En d’autres termes, la faim pourrait très rapidement devenir la cause de décès principale, dépassant le terrible mais largement sous-estimé bilan actuel des attaques militaires israéliennes, qui s’élève à 59 000.
Le gouvernement israélien est déterminé à poursuivre sa politique génocidaire, empêchant activement toute aide extérieure au peuple de Gaza. Les déclarations publiques et condamnations timides de la part des gouvernements et des responsables de l’Union européenne sont insignifiantes au regard de l’ampleur et de la gravité de la situation sur le terrain. Seules des actions immédiates et décisives d’États réellement disposés à agir peuvent encore nourrir l’espoir de sauver des vies parmi les plus de deux millions de survivant⋅es qui sont piégé·es à Gaza depuis octobre 2023.
Dans cet enfer, nos pensées vont vers nos nombreux collègues défenseur·es des droits humains à Gaza, qui n’ont pas mangé depuis plusieurs jours et dont la vie, ainsi que celle de leurs familles et de tou·tes ceux et celles qui les entourent, est en danger. L’épuisement est tel qu’il les empêche d’accomplir leur travail et de documenter les crimes en cours dont ils et elles sont les témoins immédiat·es.
Aujourd’hui comme depuis des mois, une grande quantité d’aide prête à être distribuée par les Nations unies et les ONG internationales est bloquée devant Gaza. La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui devait soi-disant prendre le relais au niveau de l’aide humanitaire, ne répond à aucun standard humanitaire. Pour les Palestinien·nes affamé·es à la recherche de nourriture pour leurs familles, cette Fondation s’est même transformée en piège mortel : selon l’Onu, plus de 875 personnes ont été tuées par Israël en tentant d’accéder à la nourriture et à l’aide humanitaire depuis le début de ses opérations. La GHF doit être immédiatement dissoute et remplacée par un mécanisme humanitaire crédible et à grande échelle, capable de répondre aux besoins urgents et placé sous la direction des Nations unies, y compris l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Agir sans délai pour sauver des vies est non seulement un impératif moral, mais c’est aussi une obligation légale pour chaque État en vertu de la Convention sur le génocide. Agir maintenant permettrait aussi d’être en conformité avec les nombreuses mesures provisoires émises par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui exigent en particulier qu’Israël assure la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle « conformément à ses obligations ». Chaque heure passée aggrave la souffrance de la population de Gaza. L’inaction n’est pas seulement une négligence, elle équivaut à une complicité dans les atrocités de masse.
Déjà, cette situation n’a été rendue possible que grâce à la complicité — active et passive — de nombreux États et gouvernements à travers le monde. Depuis près de deux ans, un ensemble de dirigeant·es et de haut·es responsables d’États aux intérêts convergents œuvrent au démantèlement systématique du droit international. Des acteurs tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, ainsi que l’Union européenne et d’autres, portent une responsabilité directe et continue dans le génocide actuel à Gaza. Leur soutien militaire, logistique, économique, financier et diplomatique perpétue la machine de destruction d’Israël et les crimes internationaux.
Affamer des êtres humains, en particulier des enfants, ne peut se produire qu’après que toutes les normes juridiques, morales et humaines ont été suspendues. À moins que nous soyons prêt·es à accepter, comme beaucoup des dirigeant·es actuel·les, que les crimes contre l’humanité soient la nouvelle norme, l’impunité doit cesser sans attendre. Ces crimes ne peuvent et ne seront pas laissés impunis. Cela prendra peut-être des années, mais les responsables de ce carnage devront vivre avec la certitude que nous poursuivons notre quête de justice. Aux auteur·es et aux complices, nous le disons clairement : nous, défenseur·es des droits humains et avocat·es, veillerons à ce que vous soyez tenu·es personnellement responsables.

