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Dominique Bernier,
conseillère en éducation pour un avenir viable Service de l’action professionnelle et sociale, CSQ
La pandémie actuelle met en lumière les injustices de nos sociétés modernes, de même que les failles de l’approche néolibérale qui affaiblissent nos services publics depuis plusieurs décennies. Elle nous donne aussi un avant-goût de ce que la crise climatique nous réserve.
La dégradation de nos services publics et des conditions de travail procède de la même logique que la dégradation de l’environnement : elles sont toutes deux le fruit d’une idéologie qui privilégie le rendement maximal à court terme, sans égard aux conséquences engendrées à plus long terme. Nos modes de production et de consommation insoutenables ont éliminé certaines des barrières naturelles qui nous protègent des agents pathogènes alors que la mondialisation des marchés a fait exploser la circulation des biens et des personnes tout en nuisant à la résilience des peuples. Nous en payons actuellement le prix en matière de santé publique.
La situation actuelle nous permet aussi de constater que, lorsqu’il y a une réelle volonté politique, des changements radicaux et rapides sont possibles. En même temps, la pandémie fait ressortir les inégalités de manière flagrante ainsi que l’importance marquée de certains emplois, souvent sous-payés, par rapport à d’autres. La transition écologique peut et doit servir de fer de lance à la relance économique, et cela doit se faire d’une manière socialement juste. Pour la CSQ, des services publics de qualité et d’accès universel font partie intégrante d’une riposte cohésive aux crises climatique et sanitaire.
En effet, les services publics constituent un puissant levier d’action du gouvernement pour lutter contre les crises comme la pandémie de la COVID-19, mais aussi pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et les cibles de l’accord de Paris, et même pour les dépasser. Les services publics sont nécessaires pour atténuer le contrecoup sur l’économie que risquent d’entraîner la pandémie et la transition énergétique, et leur développement devrait être au cœur d’un New Deal Vert.
Les emplois des secteurs public et parapublic sont généralement des emplois à faible intensité carbone. Il s’agit donc d’un secteur à privilégier en matière de création d’emplois pour pallier, en partie, les pertes d’emploi pouvant survenir dans un contexte de transition dans les secteurs industriels à haute intensité en carbone, et pour assurer une offre de formation publique et accessible pour aider les travailleuses et travailleurs des secteurs lourds à se requalifier.
Les services publics contribuent à lutter contre les inégalités systémiques et les déficits démocratiques et font également partie intégrante d’une riposte cohésive à la crise climatique. Des services publics forts, d’accès universel, améliorent la résilience des populations face aux crises sanitaires.
Enfin, le recours aux services publics constitue une alternative à la tendance actuelle des gouvernements de s’en remettre au marché pour résoudre les crises climatique et sanitaire.
La CSQ travaille activement au sein du Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ), composé de plus de 80 organisations représentant près de 1,7 million de personnes. Le FCTÉ s’attelle en ce moment à définir les paramètres de la transition juste vers une société carboneutre dans le cadre d’un vaste projet axé sur le dialogue social : le projet Québec ZéN (Zéro émission Nette).
Les solutions à la crise climatique et à la pandémie sont complémentaires et peuvent susciter la mobilisation de larges pans de la population autour de l’idée d’une réforme en profondeur de notre économie. Nous avons une occasion unique de rompre avec le modèle dominant et de proposer collectivement un projet de société écologiquement soutenable et socialement équitable.