Rien à cacher, rien à craindre?

Revue Droits et libertés, Vol. 33, numéro 1, printemps 2014

 

David Lyon, professeur
Surveillance Studies Centre, Université Queen’s

 

Vivre à nu : La surveillance au Canada, publié sous la direction de Colin J. Bennett, Kevin D. Haggerty, David Lyon et Valerie Steeves est disponible gratuitement en ligne.

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La surveillance comme mode de vie

Lorsque nous allons à l’aéroport, nous nous attendons à une forme de contrôle. Nous nous attendons à ce que nos données soient vérifiées au comptoir de la compagnie aérienne ou par le système de billetterie électronique. Mais peu de gens savent qu’ils sont constamment observés dans leur quotidien. Les formes que prend la surveillance sont multiples. En effet, la majeure partie de la surveillance ne repose pas sur l’observation directe des personnes. On nous observe à travers nos relevés bancaires, nos appels de téléphone portable, les cartes de transport en commun, les cartes d’employé-e-s et de fidélité, les passeports, les cartes de crédit et de services de santé, notre numéro d’assurance sociale et nos activités sur Google, Facebook et Twitter.

Les révélations d’Edward Snowden, depuis juin 2013, démontrent clairement la dépendance de la National Security Agency (NSA) sur les sociétés Internet; elles démontrent aussi que l’utilisation commerciale des données recueillies dans le cadre de transactions quotidiennes et de nos communications nourrit la surveillance de l’Etat.

Trois questions se posent. Pourquoi la surveillance prend-elle une place si importante dans la vie quotidienne aujourd’hui? Pourquoi acceptons-nous si facilement d’être surveillés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7? Et pourquoi les gens commencent-ils à exercer eux-mêmes une surveillance?

Un monde sous observation

Ce n’est pas arrivé d’un jour à l’autre. Au cours des cent dernières années, les sociétés de surveillance se sont développées, lentement et progressivement au début, ensuite à un rythme accéléré. Mais les sociétés de surveillance d’aujourd’hui sont quelque chose de nouveau, d’inédit et d’inquiétant à la fois. Évidemment, les gens se sont toujours observés les uns les autres; chose somme toute naturelle. Anciennement, dans un village, chacun savait ce qui se passait dans la vie des autres. Mais la surveillance d’aujourd’hui, bien que semblable sous certains aspects à l’ancienne, s’inscrit dans un nouveau paradigme. Elle répond en partie à une logique économique : les données personnelles n’ont jamais eu autant de valeur. Une logique organisationnelle entre également en jeu en faisant de l’élimination du risque un principe de gestion. À cela, il faut ajouter, bien sûr, une techno-logique : nous avons maintenant les moyens d’amasser et de traiter les données personnelles qui n’étaient pas disponibles auparavant.

S’installe alors une forme de dépendance culturelle à l’observation et à la visibilité. Comment devrions-nous définir la surveillance aujourd’hui? La définir nous aidera à éviter de fonder des espoirs ou des craintes sur les possibilités de la haute technologie ou de privilégier les définitions opératoires relatives à la sécurité nationale qui se concentrent sur « le terrorisme » [1].

La surveillance n’est pas nécessairement sinistre ou effrayante. Mais est-elle « neutre »? Surveiller signifie observer, contrôler le déroulement d’une action, veiller sur quelque chose, sur quelqu’un avec vigilance. Et comme nous l’avons noté, la surveillance peut être virtuelle, par le biais de données numériques réunies (compilées) pour que les gens et les populations puissent être mieux « vus », observés, soumis à la loupe du système de surveillance. L’État nous surveille avec des moyens spécifiques qui aident à maintenir les gens dans le respect des normes étatiques établies, à s’assurer que les impôts soient payés à temps, que les gens détiennent les permis requis pour conduire ou porter des armes à feu, ou que des minorités particulières, comme, par exemple, les nouveaux immigrants, soient traitées selon les normes[2].

Mais la surveillance est également le fait d’agences qui n’ont pas de liens avec une quelconque structure gouvernementale. Prenez, par exemple, Tesco, une importante chaîne de supermarchés britannique. Tesco dirige une base de données appelée le Creuset qui détermine le profil de chaque consommateur au Royaume-Uni : traits de « personnalité », habitudes de voyage, préférences commerciales, niveau de scolarité, appartenance ou non au mouvement écologique, degré de générosité caritative[3]. Le Creuset avance que dans un monde parfait, « nous saurions tout ce dont ont besoin les consommateurs, leurs attitudes, leur comportement et leur style de vie, mais qu’en vérité, nous n’en saurons jamais autant que nous le voudrions ». Tesco utilise un logiciel appelé le Zodiaque qui, avec le concours du Creuset, produit une carte qui permet de savoir comment les individus se situent par rapport au travail et au magasinage et de les classer dans des catégories.

Il existe aussi des courtiers qui disposent de banques d’informations énormes : Experian, Claritas et Equifax, sans compter les multiples sources publiques d’informations comme les listes électorales, le Bureau du cadastre et le Bureau national des statistiques. Toutes ces données permettent aux compagnies de savoir où concentrer leurs énergies et quels clients courtiser.

Au Canada, Canadian Tire a décidé en 2002 d’analyser les résultats des ventes par cartes de crédit. Cette analyse a permis d’associer un profil psychologique au comportement des consommateurs, de prédire quand ils s’inscriront pour un shower de bébé ou pour une liste de mariage, quand leur marge de crédit devra être coupée, et même quand ils auront besoin d’une thérapie de couple[4].

L’utilisation de données personnelles pour toutes sortes d’objectifs, souvent bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer, montre qu’il est justifié de parler d’un paradigme de la surveillance. Nos comportements sont « observés » dans le moindre détail et des profils construits non seulement par la police ou les responsables de la sécurité, mais aussi par les entreprises. Nous pouvons ne pas croire que traîner dans un bar fait de nous un mauvais payeur, mais pour Canadian Tire, une telle personne fait partie d’un groupe statistiquement à risque et est considérée comme telle.

La surveillance comme mode de vie : les organisations nous observent.

Nous pouvons dire, sans aucune exagération, que la surveillance représente l’aspect le plus important dans la vie organisationnelle d’aujourd’hui[5]. Elle est devenue l’élément-clé d’une gestion réussie, celui qui permet de connaître en détail les consommateurs, les clients, les citoyens, les étudiants, les contrevenants, les voyageurs ou les patients avec qui l’organisation a affaire. Les entreprises ne veulent pas tant connaître leurs clients que tout savoir d’eux. Les organismes gouvernementaux ou les agences frontalières collectent des données personnelles et cherchent les façons ingénieuses de recouper ces données pour créer des groupes significatifs auxquels on peut associer des tendances et des comportements.

En d’autres mots, les organisations s’efforcent de nous rendre de plus en plus visibles. Selon notre point de vue, comme citoyens ordinaires, voyageurs, travailleurs ou consommateurs, nos vies sont de plus en plus transparentes à toutes les pratiques de gestion des agences. La tendance ne montre aucun signe de ralentissement. Nous sommes nus en ce monde. Déjà, dans les années soixante, le sociologue pop américain Vance Packard écrivait la Société Nue[6]. Un demi-siècle plus tard, les prédictions de Packard sont devenues réalité. Dans le domaine de la sécurité aérienne, le « passager nu » est maintenant une réalité littérale et pas une fiction ou une conjecture de sociologue. La surveillance Internet a grandi exponentiellement depuis que le World Wide Web est utilisé à grande échelle. La recherche de nouveaux logiciels pour rendre les utilisateurs transparents aux organisations est constante. Depuis 2009, le logiciel « Webwise » permet aux fournisseurs d’accès à Internet de proposer des publicités basés sur les habitudes de navigation en ligne.

Les données Internet sont non seulement ciblées à des fins commerciales, mais représentent des informations sur lesquelles les gouvernements aiment mettre la main. La proposition la plus audacieuse jusqu’à présent vient de la Grande-Bretagne en 2008, pour la création d’une base de données contenant tous les appels téléphoniques, les courriers électroniques et l’utilisation Internet (incluant des services Internet de liaison sonore comme Skype) dont les enregistrements seraient conservés pendant une année[7].

Le Royaume-Uni a soutenu un tel projet depuis les attentats à la bombe de Londres en 2005, mais il semble maintenant être également appuyé par l’Union européenne. En 2009, une directive de l’Union européenne est entrée en vigueur afin de contraindre des fournisseurs d’accès Internet à conserver toutes les informations de courriers électroniques et de visites de sites Web aussi bien que des coups de téléphone et des SMS. Dans ce cas, la surveillance de la population de tout un pays serait mise en œuvre par l’utilisation d’Internet à des fins de sécurité et de maintien de l’ordre.

Maintenant qu’il est clair que des organisations de toutes sortes nous observent, la question qui s’impose est : pourquoi? Comment cela est-il arrivé? Par un certain nombre de courants culturels profonds qui présentent la surveillance comme une solution aux problèmes sociaux et politiques, alors que sur le plan organisationnel on peut identifier deux jalons majeurs. Le premier renvoie à la première expansion moderne de la bureaucratie, pour qui l’efficacité repose sur des règles rationnelles, et le deuxième, à l’utilisation moderne de l’information et des technologies de communication pour ajouter vitesse et flexibilité à la gestion. Laissons la question bureaucratique de côté et concentrons-nous sur l’utilisation des nouvelles technologies.

Au début des années quatre-vingt-dix, le traitement des données personnelles est devenu de plus en plus important. Des préposé-e-s à l’entrée de données, surtout des femmes mal payées, ont commencé à compiler des renseignements personnels disponibles dans le domaine public : maison et automobile, données judiciaires, dossier scolaire, adresse, numéros de téléphone…

Aujourd’hui, les sociétés en savent beaucoup plus. Par exemple, avec les GPS, elles peuvent suivre le positionnement terrestre de leurs clients à tout moment. Au mois d’octobre de l’année 2009, une société américaine de téléphone, Nextel, a transmis plus de huit millions d’emplacements clients aux agences d’application de la loi[8].

Malgré quelques balises légales et techniques, les minces filets d’eau de données personnelles se sont transformés en un torrent tel qu’il est maintenant impossible de suivre tous les conduits et de remonter les ruisseaux à leur source. Les données personnelles sont plus que jamais utilisées. Un peu comme les personnages de Kafka dans son roman le Procès, nous ne saurons jamais exactement qui sait quoi et pourquoi… Évidemment les conséquences suivront et cela, malgré que nous soyons conscients que nous sommes sous surveillance.

La surveillance comme mode de vie : nous savons que nous sommes observés.

Au-delà de l’appétit des organisations pour nos données personnelles, il faut noter un aspect non moins important de la culture de surveillance, à savoir que les sujets le savent, en sont conscients. La surveillance, de notre temps, peut être discrète dans certaines situations, mais dans beaucoup d’autres, le sujet est en même temps objet de ce contrôle.

Les citoyens conscients des effets de la surveillance peuvent changer de comportement. Mon employé de bureau de pharmacie locale ne manque jamais de me demander si je possède une « Carte Optimum » de fidélité quand je fais un achat. Je réponds, invariablement non et que je n’en veux pas. D’autres magasins veulent des numéros de téléphone et des codes postaux. Certains se conforment simplement à la demande, d’autres refusent poliment, sachant que la connaissance préalable de telles données apparemment innocentes peut donner accès à d’autres données personnelles. Et il faut le dire sans ambages, les résistances à une telle surveillance quotidienne sont une pratique louable.

Cependant, de tels actes cognitifs individuels de résistance, bien qu’importants, ne seront probablement pas très efficaces face au pouvoir des organisations détentrices de systèmes de surveillance. Au moment où nous sommes incités à assurer notre propre protection contre les dérives de la culture de surveillance, la question essentielle, de l’ordre du politique, touche au défi qu’il faut relever contre les organisations afin qu’elles adoptent une politique de gestion des données personnelles récoltées le plus souvent à l’insu des citoyens. La responsabilité des organisations en matière de surveillance est bien plus importante que notre responsabilité personnelle en tant que cibles.

Nous allons maintenant examiner un autre phénomène qui fait partie de la société de surveillance. Plutôt que de fuir la surveillance, certains s’en accommodent.

La surveillance comme mode de vie : nous pouvons aussi surveiller.

Nous sommes observés et nous en sommes conscients, mais nous en soucions-nous? Une troisième dimension de la culture de surveillance est que certains pratiquent eux-mêmes la surveillance. Certains utilisent la fonction GPS des téléphones portables pour trouver d’autres utilisateurs, d’autres utilisent les réseaux sociaux comme Facebook pour en apprendre sur des voisins, des collègues ou des amis, d’autres encore installent des « nannycams » pour surveiller la gardienne ou espionner la navigation sur Internet de leurs enfants.

La culture de la surveillance s’installe lorsque les gens ordinaires se mettent à utiliser eux-mêmes la surveillance pour organiser leurs vies, protéger leurs maisons et leurs familles ou vérifier ce que leurs associés ou enfants font[9]. Ou même leurs parents. Des familles aux États-Unis consentent à faire porter à leurs parents âgés, souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de perte de mémoire, une puce RFID pour les empêcher de s’égarer et pour les retrouver quand ils sont perdus[10].

La culture de surveillance d’aujourd’hui est sans précédent. Jamais auparavant, autant de temps, d’énergie et d’argent ont été investis dans l’observation des autres avec autant de conséquences. Cette surveillance ne s’exerce pas à sens unique. C’est plus complexe et c’est pour cela que j’utilise la notion de « culture de surveillance ». La surveillance est intégrée dans notre vie quotidienne, parfois presque inconsciemment.

Rien à cacher, rien à craindre

Aussi, quel est exactement le problème? Parce que nous nous sommes habitués graduellement à cette nouvelle réalité, nous n’avons pas posé les questions fondamentales que soulevaient ces changements massifs survenus en très peu d’années. L’idée « d’une société de surveillance » était jadis associée aux États policiers et à la répression et réprouvée à cause de son côté abject et hideux. Le roman classique d’Orwell, 1984, nous a donné un aperçu de « Big Brother » pour décrire un État auquel nous résisterions à tout prix.

Mais malgré Orwell, la société de surveillance est arrivée, sans les lourdes bottes de la répression brutale, avec les habits neufs de l’efficacité technologique. Elle n’est pas venue d’un État autoritaire, mais de corporations commerciales revendiquant la meilleure connaissance possible de leurs clients afin de leur fournir les marchandises et les services souhaités. Elle n’est pas apparue sur « un écran de télévision », sous la forme du visage effrayant de Big Brother, mais sur un million d’écrans de sites de réseaux sociaux et d’appareils portatifs commercialisés comme des objets commodes, rentables et personnalisés.

Cependant, les sociétés de surveillance d’aujourd’hui sont profondément ambiguës. On ne voit pas généralement l’efficacité, la commodité et la personnalisation comme des ennemis. Non, mais les nouvelles technologies de surveillance qui comportent certains avantages permettent également la mise en place de modes douteux de contrôle et de profilage. Quelles sont les conséquences de ce système? Dans les sociétés où la présomption d’innocence est respectée, vous êtes supposés n’avoir rien à cacher, ni rien à craindre. La loi permet aux autorités d’enquêter seulement sur ceux qui ont quelque chose de grave à cacher. Mais aujourd’hui, la devise « rien à cacher, rien à craindre » est systématiquement sapée par l’ampleur de la nouvelle surveillance.

L’objectif consiste à situer les gens dans des catégories. Rappelons le logiciel « Webwise » qui classifie les gens sur la base de leurs habitudes de navigation. Vous faites partie du monde où vous naviguez. Les décisions d’évaluations automatisées sont faites à partir de tout, de votre solvabilité à votre capacité de détenir un compte bancaire. Et si vous êtes marginal ou désavantagé, le système s’assurera que ces vulnérabilités soient amplifiées par les effets de ce qu’Oscar Gandy appelle « l’inconvénient cumulatif »[11].

Mais ça ne s’arrête pas là. Ces types de classifications sont également utilisés par la police, les services de renseignement et d’autres autorités. Après le onze septembre 2001, le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a fait appel à la firme privée « Customer Relationship Management », non pas pour localiser des clients potentiels, mais des terroristes[12]. De telles stratégies ont pour effet d’inscrire des innocents sur des listes d’interdiction de vol, sur des listes de surveillance, de surveiller des maisons ordinaires dans les quartiers chauds de la ville, de traiter des piétons pacifiques comme « suspects » quand ils s’aventurent involontairement sous les caméras de lieux publics. De braves garçons canadiens d’une grande école, comme Alistair Burt, se sont vus refuser la permission de monter à bord d’un avion pour des vacances familiales. Des citoyens « suspects » comme Maher Arar, Ahmad El Maati, Muayyed Nureddin et Abdullah Almalki ont atterri dans les salles de torture syriennes en 2002 et 2003. Même sans motif valable et n’ayant rien à cacher, vous pouvez toujours finir suspect.

Voilà pourquoi, malheureusement, nous autorisons les sociétés de surveillance à se développer sans entrave. Leurs effets positifs peuvent bénéficier à certains groupes de personnes, mais leur impact négatif se fait sentir chez ceux qui, en raison de leur situation économique, leur origine ethnique ou leur sexe, sont déjà défavorisés. D’autre part, comme le prouve l’exemple des listes d’interdiction de vol, n’importe qui peut être touché. Il existe quelques garanties : les lois sur la protection des données et la vie privée. Mais elles ont tendance à être efficaces uniquement dans des cas extrêmes, lorsqu’il y a une violation évidente ou médiatisée de la loi. La plupart du temps, la nouvelle surveillance affecte négativement les personnes, même lorsque ces systèmes fonctionnent correctement, aux fins prévues et dans les limites de la loi. Le « tri social », en particulier, lorsqu’il utilise les bases de données et les moyens de communication en réseau, fonctionne à travers la catégorisation automatique de la population afin que différents groupes puissent être traités différemment. Le simple fait d’appartenir à un groupe statistique vous qualifie pour l’inclusion ou l’exclusion, l’accès ou le déni. N’avoir rien à cacher n’est d’aucun secours.

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[1]             Pour une présentation en profondeur de cette définition, voir David Lyon, Surveillance Studies : An Overview, Cambridge: Polity Press, 2007. Cette définition comporte au moins deux aspects de la surveillance analysés par l’historien français Michel Foucault : la surveillance directe comme dans la prison panoptique et le biopouvoir qui utilise les données statistiques pour gouverner.

[2]             Voir le livre de James C. Scott, Seeing like a State, (New Haven CT: Yale University Press, 1998)

[3]             Heather Tomlinson and Rob Evans, “Tesco stocks up on inside knowledge of shoppers’ lives” The Guardian, 20 September 2005.

[4]             Charles Duhigg, “What does your credit card company know about you? New York Times, 12 May 2009.

[5]             Voir, par exemple, Kevin Haggerty “‘Ten thousand times larger…’: Anticipating the future of surveillance” in Benjamin J. Goold and Daniel Neyland, éditeurs. New Directions in Surveillance and Privacy, Cullompton UK: Willan, 2009.

[6]             Vance Packard The Naked Society, New York: David McKay, 1964.

[7]             Anil Dawar, “Alarm at plan for central store of telecoms records” The Guardian, 20 May 2008.

[8]             Voir http://paranoia.dubfire.net/2009/12/8-million-reasons-for-real-surveillance.html/ , consulté le 1er décembre 2009.

[9]             Stephanie Rosenbloom, “I spy; doesn’t everyone?” New York Times, 7 September 2006.

[10]           Kim Zetter “To tag or not to tag” Wired, 05 September 2008 www.wired.com/politics/security/news/2005/08/68271

[11]           Oscar Gandy, Coming to Terms with Chance: Engaging Rational Discrimination and Cumulative Disadvantage, London: Ashgate, 2009.

[12]           Voir David Lyon, Surveillance after September 11, Cambridge: Polity, 2003.