Rapport de mission sur l’annexion de la Cisjordanie par Israël et la répression des dissident-es
Un rapport accablant de la Fédération internationale pour les droits humains
Du 5 au 10 janvier 2025, une délégation de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) – dont est membre la Ligue des droits et libertés (LDL) – s’est rendue dans les territoires palestiniens occupés, tout en se voyant dénier l’accès à Gaza. Cette délégation a rencontré les organisations membres de la FIDH (Al-Haq [Palestine], B’Tselem [Israël] et Adalah [population palestinienne vivant sur le territoire israélien]) et a conduit 42 entretiens individuels et collectifs. Il en résulte un rapport accablant qui fait état des principales techniques de pouvoir déployées par les autorités israéliennes et les colons pour amplifier leur mainmise sur la Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 ou même avant, depuis la formation du gouvernement actuel de Benjamin Netanyahou.
Violences accrues en Cisjordanie
Le rapport fait notamment état de l’accroissement de la violence des colons dans le Territoire palestinien occupé (TPO) de Cisjordanie, une violence qui est facilitée par l’inaction de l’armée, voire son soutien direct. Cette violence vise clairement à forcer le déplacement de la population palestinienne, voire son extermination pure et simple comme lors des incursions militaires dans les camps de réfugié-es près de Naplouse ou de Tulkarem. Elle empêche également les paysan-nes d’accéder à leurs terres. Le village de Masafer Yatta, dont il était question dans le film No Other Land (2025), a été le théâtre de démolitions de maison, de coupures d’accès à l’eau et d’empêchements d’accès aux pâturages. Les raids nocturnes se multiplient dans les villages palestiniens.
Amplification de l’apartheid
L’apartheid s’amplifie puisqu’Israël a étendu aux colons et aux colonies le droit israélien, créant une situation d’annexion de facto, alors que les Palestinien-ne-s restent soumis au droit militaire. Des milliers de Palestinien-ne-s ont perdu leur permis de travail dans les colonies ou dans le territoire israélien depuis le 7 octobre 2023. L’accès des Palestinien-ne-s aux soins de santé est sérieusement compromis, non seulement parce que les ambulances sont souvent prises pour cibles, mais également parce que les barrages routiers allongent la durée des trajets.
Surveillance des populations
Les organisations palestiniennes ou israéliennes solidaires des Palestinien-nes font l’objet d’une surveillance accrue depuis le 7 octobre 2023. Il en va de même des médias d’information et des médias sociaux. Les institutions d’enseignement sont soumises à la censure et plusieurs personnes ont perdu leurs postes pour avoir réclamé la fin de la guerre contre Gaza. Même les membres de la Knesset représentant la population palestinienne d’Israël sont soumis à du harcèlement et à de l’intimidation.
Recommandations de la FIDH
Parmi les recommandations formulées, la FIDH appelle l’ensemble des pays, ce qui inclut le Canada et le Québec :
- à mettre un terme à la politique coloniale et à l’apartheid israélien, notamment en forçant Israël à se conformer aux divers traités internationaux, aux décisions des instances de l’ONU et de la Cour internationale de justice, notamment en tenant Israël responsable d’une série de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité;
- à sanctionner les colons et à refuser les produits des colonies;
- à imposer un embargo réel sur les armes;
- à rompre les accords commerciaux;
- à réduire leurs relations diplomatiques et à aider les Palestinien-nes.
Elle demande également aux États de s’assurer que les entreprises qui opèrent sur leur territoire ne fassent pas affaire avec Israël. Finalement la FIDH demande le libre accès de missions d’enquête internationales à l’ensemble du TPO, y compris la bande de Gaza, pour documenter les diverses violations du droit humanitaire international.