COVID-19 en prison

Il faut éviter le pire. Les personnes incarcérées et le personnel pénitentiaire ont aussi des droits.


Cette tribune permet d’aborder des sujets d’actualité qui sont en lien avec les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels au Québec, au Canada ou ailleurs dans le monde. Les carnets sont rédigés par des militant-e-s des droits humains et n’engagent que leurs auteurs et autrices. 


Un carnet rédigé par Lucie Lemonde, militante à la LDL et professeure en sciences juridiques à l’UQAM

Devant la pandémie actuelle, il ne faut pas oublier la situation extrêmement précaire vécue dans les prisons et les autres lieux de détention. Ces lieux constituent un terreau très fertile pour la propagation rapide de la COVID-19, en raison de la surpopulation et de l’exiguïté des lieux. En plus, les personnes incarcérées sont particulièrement vulnérables, car elles présentent des problématiques de santé physique et mentale plus aiguës que les autres citoyen-ne-s. Les personnes incarcérées et les membres du personnel des lieux de détention sont donc plus à risques que le reste de la population.

Il est admis au Canada, et dans les Règles Nelson Mandela des Nations Unies, que les personnes délinquantes jouissent des mêmes droits humains que les autres pendant leur incarcération.

À ce titre, les personnes incarcérées ont le droit d’être traitées avec humanité et dignité, le droit à la vie, à la santé et à la sécurité. De leur côté, les travailleurs et les travailleuses des établissements de détention ont le droit inaliénable à la santé et à la sécurité au travail.

Pour contenir la propagation de la COVID-19 et garantir le droit à la vie, à la santé et la sécurité des détenu-e-s et du personnel, il faut d’une part assurer gratuitement et immédiatement les soins de santé de qualité et, d’autre part, réduire la population carcérale et libérer une grande partie des personnes actuellement incarcérées.

Plusieurs personnes peuvent être libérées sans que la sécurité de la population soit mise en danger, notamment :

  • Les détenu-e-s malades ;
  • Les détenu-e-s qui ont plus de 60 ans ;
  • Les femmes enceintes ;
  • Les détenu-e-s dont la fin de sentence ou la libération est prévue en 2020 et 2021 ;
  • Les personnes qui purgent une peine intermittente ;
  • Les personnes condamnées à des peines de moins de 3 mois ;
  • Les personnes détenues en attente de procès, car elles sont incapables de payer un cautionnement ;
  • Les personnes détenues dans les centres d’immigration.

Dostoïevski écrivait que l’on peut mesurer le degré de civilisation d’une société à la façon dont elle traite ses prisonniers et prisonnières. Ce serait criminel que de laisser le virus mortel se répandre comme une trainée de poudre en prison.