Quand Google envahit les écoles

L’école n’échappe pas à l’emprise des géants de l’Internet comme Google ; des données précieuses sur une population captive sont récoltées dans le cadre des travaux scolaires.

Dominique Peschard
Comité sur la surveillance des populations, Ligue des droits et libertés

Les jeunes ne sont pas seulement surveillés par leurs parents ou par les réseaux sociaux, comme le reste de la population. En effet, l’école n’échappe pas à l’emprise des géants de l’Internet. Google a bien compris qu’offrir ses produits au monde de l’éducation lui permettrait de récolter des données précieuses sur une population captive. L’année dernière, aux États-Unis, 20 % des élèves devaient utiliser le portable Chromebook de Google et plus de 30 millions d’élèves, enseignant-e-s et administrateurs-trices utilisaient la G Suite de Google.

L’hégémonie de l’entreprise privée dans la technologie scolaire fait des élèves une population captive particulièrement vulnérable à la surveillance totale.

Dans un contexte de restrictions budgétaires, les offres de Google en matière d’équipement et de logiciels deviennent très alléchantes. Ces produits permettent aux élèves de faire et remettre leurs travaux, de passer des tests et d’échanger avec leurs camarades et enseignant-e-s.

Google profite du laxisme des administrations scolaires en matière de protection des renseignements personnels des élèves pour bâtir des dossiers sur elles et eux à des fins publicitaires. Dans le cadre de poursuites judiciaires, Google a admis avoir scruté et indexé les courriels d’élèves et de s’être servi de cette information pour cibler des jeunes de moins de 13 ans avec des publicités sur You Tube. À la suite de celles-ci, en avril 2018, Google a déclaré qu’il cesse-rait de scruter les courriels des élèves et qu’il ferait une mise à jour de sa politique en matière de collecte de données personnelles à des fins publicitaires!

Les données sur les élèves au service de l’entreprise privée

Des techniques en développement laissent entrevoir des possibilités encore plus effarantes de surveillance des élèves dans un avenir proche. Un rapport Promoting Grit, Tenacity, and Perseverance : Critical Factors for Success in the 21st Century du U.S. Department of Education Office of Educational Technology explique comment la technologie peut être utilisée pour suivre le comportement des élèves au moyen de leur épiderme, de caméras et de senseurs dans les chaises. Par exemple, le Media Lab du Massachusetts Institute of Technology a mis au point un dispositif qui permet de mesurer l`humeur de l’élève à partir de l’analyse faciale. L’hégémonie de l’entreprise privée dans la technologie scolaire fait des élèves une population captive particulièrement vulnérable à la surveillance totale.

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