La section de Québec de la LDL vous parle Crimes haineux et extrême droite

Les deux publications de la LDL-section de Québec démontrent comment les institutions et certains mouvements peuvent contribuer à stigmatiser les communautés minoritaires, accentuer leur discrimination et, ultimement, contribuer au racisme.

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Maxim Fortin, coordonnateur
Ligue des droits et libertés – Section de Québec

La LDL – section de Québec publie cet automne deux rapports documentant et analysant la montée du racisme au Québec et plus particulièrement dans la région de Québec. Les projets de loi sur la laïcité augmentent-ils le nombre de crimes haineux au Québec?, étude statistique menée par le doctorant en économie Raphael Langevin, se penche sur l’augmentation des crimes haineux liés à la religion dans la foulée du débat ayant entouré le projet de la Charte des valeurs. Portrait de l’extrême droite à Québec, met en lumière l’émergence d’une extrême droite raciste et xénophobe dans la région de Québec de même que les discours et activités des organisations associées à cette tendance. Ce rapport a été rédigé par Pablo Roy-Rojas, étudiant en sociologie.

La première publication se démarque par son originalité méthodologique. Utilisant une méthode développée par les chercheurs Griffin Sims Edwards et Stephen Rushin pour analyser les effets de l’élection de Donald Trump sur les crimes haineux[1], Raphael Langevin utilise « les données sur les crimes haineux du Centre canadien de la statistique juridique afin de déterminer si les années qui ont suivi l’épisode de la Charte des valeurs du Parti Québécois (PQ) [2014-2017] ont été marquées par une hausse significative des crimes haineux au Québec comparativement aux crimes haineux observés dans les autres provinces canadiennes et à ceux observés au Québec entre les années 2009 et 2013 ».

Son analyse démontre que « les crimes haineux liés à l’origine ethnique et à la religion au Québec ont connu une augmentation respective d’au moins 65,5 % et 64,6 % lors de la période 2014-2017 ». Par ailleurs, c’est la communauté musulmane qui a été le plus durement touchée. L’auteur conclu que « les politiques visant l’interdiction du port de signes religieux touchent généralement des groupes sociaux précis et exacerbent la discrimination déjà subie par ces derniers ».

La deuxième publication documente non seulement l’émergence d’une extrême droite organisée et militante dans la région de Québec entre 2015 et l’été 2019, mais contribue aussi à en faire l’analyse, notamment au niveau du discours et des pratiques. Rédigé à la suite d’une recension des activités et des groupes racistes et xénophobes, ce rapport démontre que l’extrême droite de Québec gravite autour de deux pôles idéologiques : le nationalisme identitaire de tendance populiste (La Meute, Storm Alliance, etc.) et le néofascisme (Atalante). Ses activités, en croissance depuis 2015, sont essentiellement centrées sur l’organisation de rassemblements (manifestations, commémorations, etc.) et d’activités de propagande (affichage, conférences, etc.) permettant d’obtenir de la visibilité. Sans surprise, le discours de ces groupes tourne autour des questions liées à la race et à l’origine ethnique, bien qu’aucun d’entre eux ne s’assume comme étant raciste ou prônant la suprématie blanche. L’Islam, perçu comme une menace intérieure et extérieure, occupe une très grande place dans leur discours. Plus surprenante est leur tentative d’instrumentaliser la question du sexisme, de l’identité autochtone et de la laïcité, les amenant parfois à défendre des positions politiques s’éloignant de l’extrême droite classique et peut-être bien caractéristiques d’une nouvelle mouture de l’extrême droite contemporaine. En effet, plusieurs groupes étudiés mettent de l’avant les droits des femmes et le caractère laïc des institutions publiques tout en cherchant à s’associer à certains éléments culturels propres aux premières nations. Cette instrumentalisation marque donc une évolution du discours de l’extrême droite.

La LDL-Qc vous invite donc à prendre connaissance de ces deux publications qui démontrent comment les institutions et certains mouvements peuvent contribuer à stigmatiser les communautés minoritaires, accentuer leur discrimination et, ultimement, contribuer au racisme. Nous sommes heureuses et heureux, fières et fiers de participer à l’avancement des savoirs sur la question du racisme, de la xénophobie et de l’islamophobie car nous croyons que ces questions doivent être considérées prioritaires dans le contexte qui est le nôtre.

[1] Stephen Rushin et Griffin Sims Edwards, The Effect of President Trump’s Election on Hate Crimes, SSRN Electronic Journal, 2018, https://www.ssrn.com/abstract=3102652

 

 

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