Absence de fondement juridique
Est-ce que les policiers ont le pouvoir de faire des interpellations au Québec?
Non. Pour la Ligue des droits et libertés, il est clair que les policiers au Québec n’ont pas le pouvoir de faire des interpellations (street checks). Cette importante question est complètement absente du débat public.
Les sources des pouvoirs policiers
Il faut savoir que les pouvoirs des policiers sont prévus et limités par deux sources juridiques : les lois existantes (le Code criminel, la Loi sur la police, le Code de procédure pénale, le Code de déontologie des policiers, etc.) et la common law, c'est-à-dire les règles élaborées par les tribunaux.
Au Québec, il n’existe aucune loi qui autorise un policier à faire une interpellation.
Certains services de police affirment que leur pouvoir de faire des interpellations trouve sa source dans leur devoir de maintien de l’ordre public issu de la common law.
Or, selon un avis juridique indépendant sur les street checks en Nouvelle-Écosse réalisé en 2019 par un ancien juge en chef de la Cour d'appel de cette province, ce n’est pas le cas[1].
Pourquoi? Parce que l’interpellation n’est pas une pratique raisonnablement nécessaire à l'exercice de leur devoir de maintien de l’ordre public : d’un côté, elle entraîne des violations de droits et libertés, et de l’autre, sa nécessité pour assurer la sécurité publique n’est pas démontrée (voir Question 8).
NOTRE POSITION
Pour l'interdiction des interpellations policières par le gouvernement du Québec.
Références
[1] Nova Scotia Human Rights Commission, Independent Legal Opinion on Street Checks, J. Michael MacDonald et Jennifer Taylor, 2019.