Questionnements de fin de soirée sur la crise sanitaire et la sortie de celle-ci

La situation de crise sanitaire que nous connaissons actuellement est un moment critique pour le respect des droits et libertés.

Un carnet rédigé par Eve-Marie Lacasse, coordonnatrice de la LDL

Le respect des droits et libertés de la personne demeure primordial en temps de crise, surtout quand on sait que c’est dans ces moments qu’il est particulièrement fragilisé. La situation que nous connaissons actuellement est donc un moment critique, qui demande une surveillance rigoureuse du respect des droits et libertés.

Plus généralement, la suspension des mécanismes démocratiques en raison de l’instauration de l’état d’urgence sanitaire au nom de la lutte contre la pandémie nous permet de mesurer combien cela empêche le débat sur les enjeux sociaux, politiques et économiques liés à la sortie de crise et fait en sorte que le gouvernement n’a à peu près pas de comptes à rendre.

Quelques préoccupations.

État d’urgence et état permanent

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, plusieurs mesures porteuses de violations des droits et libertés ont été mises de l’avant au Canada. Certaines de ces mesures existent encore aujourd’hui et sont devenues « normales » aux yeux de la population. La crise sanitaire actuelle ne doit pas nous faire emprunter la même route en rendant permanente  des mesures d’urgence temporaires.

Santé démocratique et gouvernance par décrets

Depuis plus d’un mois, le gouvernement Legault, gouverne par décrets. Il gouverne donc seul, sans garde-fous. Selon nos Chartes, ce modèle de gouvernance doit être temporaire. Mais le sera-t-il vraiment? Des risques à ce que ce mode de gouvernance soit utilisé plus longtemps qu’il le devrait existent bel et bien.

Instauration d’une société à plusieurs vitesses

Les mesures d’urgence actuelles créent de nouvelles inégalités en instaurant une société à plusieurs vitesses, notamment en ne déconfinant pas au même rythme certains secteurs de la population. On pense ici aux personnes âgées, qui sont présentement soumises à un autre régime de droits,  à la possibilité que certaines régions ou secteurs d’activités reprennent leurs activités avant d’autres ou aux multiples inégalités que pourraient créer la normalisation de l’éducation à distance.

Qu’est-ce qui motive ces choix plutôt que d’autres? Sur quels critères le gouvernement prend-il ces décisions, qui ne sont pas examinées dans le contexte? Quels lobbyistes sont présentement très actifs auprès du gouvernement? Comment ne pas créer de disparités dans ce contexte? Comment y remédier?

Surveillance de masse et climat social

La crise sanitaire actuelle n’est pas un enjeu de sécurité publique, c’est un enjeu de santé publique. Pourtant, plusieurs décisions gouvernementales donnent une connotation sécuritaire au contexte, ouvrant la porte à l’utilisation des technologies de surveillance (comme la géolocalisation cellulaire), à la restriction de la liberté de circulation et à un climat social vicié comme en fait foi les appels à la « délation » qui se multiplient. Qu’en est-il du climat social, de la liberté de circulation et de rassemblement et du droit à la vie privée dans ce contexte?

 


Cette tribune permet d’aborder des sujets d’actualité qui sont en lien avec les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels au Québec, au Canada ou ailleurs dans le monde. Les carnets sont rédigés par des militant-e-s des droits humains et n’engagent que leurs auteurs et autrices.