Lettre ouverte publiée le 7 octobre 2024 dans Le Soleil et les Coops de l’information .
Un an de génocide et de complicité
Laurence Guénette, porte-parole de la Ligue des droits et libertés
Diane Lamoureux, membre du Conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés
Depuis octobre 2023, Israël s’est lancé dans une offensive génocidaire contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza et a intensifié ses exactions en Cisjordanie.
Ces massacres, qualifiés erronément de «guerre Israël-Hamas» par les médias occidentaux et la classe politique, sont trop souvent abordés selon une temporalité courte, et en relation avec les attaques du Hamas du 7 octobre.
Cela a pour effet de gommer plus de 100 ans de colonisation, de dépossession et d’apartheid du peuple palestinien.
Cela passe sous silence l’occupation des territoires palestiniens de Gaza, de Cisjordanie et de Jérusalem-Est par Israël, au mépris de plusieurs résolutions de l’ONU depuis 1967 ainsi que de l’avis de la Cour internationale de justice daté du 19 juillet 2024, qui rappelle le caractère illégal de cette occupation et appelle à y mettre fin le plus rapidement possible.
Dans son offensive actuelle contre le peuple palestinien de Gaza qui s’inscrit dans un contexte de blocus imposé depuis 2007, Israël agit au mépris total du droit international et du droit humanitaire.
À tel point que la Cour internationale de justice a admis la plausibilité d’un génocide, que la Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés soutient que le seuil permettant de qualifier les actions d’Israël à Gaza de génocide a été franchi.
La Cour pénale internationale évalue la possibilité d’émettre des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour leur responsabilité dans les exactions perpétrées à Gaza
À cette indifférence effarante de l’État israélien au droit et aux instances internationales s’ajoute le fait que Netanyahou a déclaré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres persona non grata le 2 octobre dernier.
À maintes reprises, Israël évoque le «droit» de se défendre pour justifier ses exactions non seulement à l’encontre du peuple palestinien, mais également ses assauts au Liban et en Iran, n’hésitant pas à recourir à des exécutions extra-judiciaires contre des militants du Hamas ou à des attentats contre les membres du Hezbollah (le piégeage des téléavertisseurs et l’assassinat de Hassan Nasrallah).
Or le droit international est clair : en tant que puissance occupante, Israël ne peut aucunement se prévaloir d’un «droit de se défendre».
Ce qui se déroule toujours à Gaza est d’abord et avant tout une offensive contre des civils et tout ce qui leur permet de faire société : destruction des habitations, des hôpitaux, des écoles, des lieux de culte, des musées, des infrastructures sanitaires et d’électricité; tirs sur le personnel soignant et le personnel humanitaire; blocage de l’aide humanitaire.
Ce qui permet à Israël de poursuivre son offensive génocidaire à Gaza, c’est la complicité sans faille des puissances occidentales, au premier chef celle des États-Unis.
En mobilisant leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU à répétition, et en augmentant de façon significative leur aide militaire à Israël, les États-Unis continuent de s’ériger comme son allié indéfectible.
Le Canada n’est pas en reste : le premier ministre Trudeau et la ministre Joly ont beau verser quelques larmes sur le triste sort de la population de Gaza, ils persistent à fournir du matériel militaire à l’armée israélienne et à positionner le Canada comme allié d’Israël.
Fort de son impunité pour la destruction de Gaza, le gouvernement israélien étend le théâtre de ses opérations. Les exactions des colons et de l’armée israélienne se sont multipliées en Cisjordanie, avec un nombre record de personnes assassinées et emprisonnées, de même que le raid contre Jénine. Les confiscations de terres pour construire de nouvelles colonies dans ce territoire occupé se sont également accélérées.
Dernièrement, Israël veut poursuivre ses opérations au Liban, laissant présager le pire pour le peuple libanais et les populations palestiniennes qui y sont réfugiées, et qui rappelle à notre mémoire les massacres de Sabra et Chatila de 1982.
Il est urgent que les gouvernements occidentaux retirent leur soutien politique et militaire à Israël, se conforment à leurs engagements en vertu du droit international, et cessent de faire obstacle au respect des droits humains et du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
Comme l’écrivait il y a déjà plusieurs mois la rapporteur spéciale Francesca Albanese, la dernière année révèle tragiquement l’anatomie du génocide qui se déploie devant nous, mettant en lumière la complicité occidentale et le fil des intérêts impérialistes qui la tissent.