Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Montréal, le 6 mai 2020 – La Ligue des droits et libertés (LDL) prend acte de l’annonce du gouvernement de procéder à la libération de certaines catégories de détenu-e-s dans les établissements de détention provinciaux par le biais de permissions de sorties à des fins médicales prévues dans la Loi sur le système correctionnel du Québec. L’organisme appelle le ministère de la Sécurité publique (MSP) à la plus grande transparence possible et à en faire davantage.
« Plus d’informations et de transparence sont nécessaires, et rapidement, concernant cette annonce. Dès le 19 mars, nous avons interpelé une première fois le gouvernement pour le sensibiliser au fait que la seule solution d’éviter une contamination importante dans les centres de détention était de réduire la population carcérale. Si les autorités ministérielles avaient été ouvertes dès le départ à cette mesure mise en place à plusieurs endroits et avaient agi plus tôt, la situation ne serait peut-être pas la même à la prison de Bordeaux, notamment », affirme Eve-Marie Lacasse, coordonnatrice de la LDL.
Des éclaircissements sont nécessaires
« Concernant le seuil de 30 jours de peine, est-ce que le ministère a évalué combien de personnes sont dans cette situation? Est-ce que cela permettra de réduire de façon substantielle la population carcérale et donc, les risques de contagion? Nous ne sommes pas en mesure de le savoir à l’heure actuelle. Et de façon plus précise, quels seront exactement les critères « de libération » de ces catégories de détenu-e-s? Et de quelle façon les établissements de détention mettront-ils en œuvre cette mesure pour véritablement réduire le risque de contagion en procédant à la libération de certaines catégories de détenu-e-s? Le MSP doit être le plus clair et le plus inclusif possible. Et qu’en est-il des personnes détenues en attente de leur procès, non pas en raison de la gravité du crime reproché, mais de leur incapacité à payer un cautionnement ? », continue Mme Lacasse.
Mme Lacasse renchérit en questionnant les mesures de soutien à la sortie. « De telles mesures sont indispensables. Nous espérons que le ministère est en contact avec les ressources de transition pour ce faire. Du soutien sera nécessaire pour ces personnes », souligne-t-elle.
Pour les détenu-e-s qui ne seront pas libéré-e-s, Mme Lacasse rappelle en terminant que les conditions de confinement sont extrêmement drastiques, notamment à Bordeaux, et que la situation doit s’améliorer.
« Nous demandons au MSP d’émettre des directives de façon urgente afin d’instaurer des mesures de confinement moins drastiques et qui ne briment pas les droits fondamentaux des personnes détenues. Il faudrait notamment implanter des mesures permettant aux détenu-e-s qui demeureront dans les établissements de détention de communiquer régulièrement avec leurs proches, notamment en leur fournissant des téléphones cellulaires; permettre des sorties quotidiennes à l’extérieur (par petits groupes et en respect des mesures de distanciation); s’assurer que les détenu-e-s puissent pouvoir parler à leurs avocat-e-s; assurer le maintien des services de santé et reprendre les services de soutien tel que l’aide psychologique », termine la coordonnatrice.
À propos de la Ligue des droits et libertés
La LDL est un organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, issu de la société civile québécoise et affilié à la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Depuis plus de 50 ans, elle milite en faveur de la défense et de la promotion de tous les droits humains reconnus par la Charte internationale des droits de l’homme.
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Pour informations et entrevues :
Elisabeth Dupuis, Responsable des communications de la Ligue des droits et libertés
C : 514-715-7727