Déclaration du Groupe d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine du Canada

Le Groupe d’experts sur les personnes d’ascendance africaine au Canada a produit un rapport faisant état de la situation de ces populations au Canada. Au-delà des constats positifs, le Groupe déplore un manque d’informations et de données ventilées dans les recherches sur les discriminations raciales.

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Ceci est une synthèse et une traduction du communiqué de presse émis par le Groupe de travail d’experts sur la population d’ascendance africaine au Canada, 21 octobre 2016

Du 17 au 21 octobre 2016, le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine est venu en mission au Canada  Lors de cette mission, il a fait des arrêts à Ottawa, Toronto, Halifax et Montréal. Un rapport de mission sera soumis au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en Septembre 2017 mais le Groupe a tenu une conférence de presse où il a exprimé ses préoccupations et expliqué sa démarche[1].

Le groupe de travail a non seulement voulu examiner la situation des personnes d’ascendance africaine au Canada mais a aussi tenté de collecter des informations sur les phénomènes de xénophobie et de racisme. Il s’est entre autres intéressé aux mécanismes politiques et juridiques existants pour prévenir la discrimination raciale systémique ou protéger les personnes visées par le racisme. Le groupe a rencontré des élus des deux paliers de gouvernement ainsi que des représentants des groupes de défense des droits humains. Il a également enquêté dans un Centre de détention du Sud de Toronto.

Le rapport du Groupe de travail contient de nombreux constats très positifs. Il salue notamment les efforts d’inclusion sociale et la tenue de nombreux événements comme le Mois de l’histoire noire. Le Groupe déplore toutefois un manque d’informations et de données ventilées dans les recherches sur les discriminations raciales, données qui sont nécessaires pour comprendre les enjeux spécifiques propres aux communautés racisées du Canada. L’application de la loi est l’occasion d’un profilage racial qui, d’après le Groupe de travail, est non seulement évident mais aussi endémique. Le Groupe de travail se dit d’ailleurs préoccupé par la surreprésentation des Afro-Canadiens[2] dans le système de justice pénale. Les Afro-Canadiens représentent 3 % de l’ensemble de la population canadienne et 10 % de la population carcérale. Les plus récents chiffres indiquent que le nombre de détenus Afro-Canadiens dans les services correctionnels fédéraux a augmenté de 71,1 % entre 2005-2015.

Le Groupe de travail a émis une série de recommandations, adressées au Canada, pour lutter contre le racisme. Le Groupe recommande, entre autres, des mesures pour préserver l’histoire des Afro-Canadiens, notamment en ce qui a trait à la période de l’esclavagisme. Il propose de travailler à la reconnaissance de la contribution distincte des Afro-Canadiens dans les domaines culturel, social, politique et économique. Il suggère également au gouvernement de présenter des excuses officielles et d’envisager des réparations pour les injustices historiques commises envers les Afro-Canadiens. Il propose la création d’un Département national des affaires africaines du Canada, l’élaboration d’une stratégie nationale pour traiter et corriger les taux anormalement élevés d’Afro-Canadiens dans le système correctionnel, ainsi que l’adoption d’un plan national de formation et de sensibilisation à la diversité pour le fédéral et les services correctionnels provinciaux. Le Groupe propose aussi de développer un programme d’équité culturelle pour les employeurs pour aider les Afro-Canadiens actuellement à l’emploi, ainsi qu’un programme d’allégements fiscaux pour encourager les employeurs à embaucher des Afro-Canadiens.

Bibliographie

[1] http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=20732&LangID=E

[2] Notons que le terme «Afro-Canadiens» utilisé par le groupe d’experts ne fait pas l’unanimité dans les communautés.

 

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