En vue de pandémies futures: envisageons des mesures sanitaires plus respectueuses

Il y a 5 ans, la pandémie de COVID-19 appelait des mesures sanitaires cohérentes et une campagne de vaccination massive pour résorber la crise en faisant le moins de dommages possibles. En effet, les violations de droits humains et les entorses à la démocratie ont été nombreuses.

Lettre ouverte a été publiée dans le Journal de Montréal, le 14 mars 2025.

En vue de pandémies futures: envisageons des mesures sanitaires plus respectueuses

Alexandre Petitclerc, président de la Ligue des droits et libertés
Laurence Guénette, porte-parole à la Ligue des droits et libertés

Il y a déjà cinq ans, la COVID-19 appelait des mesures sanitaires cohérentes et une campagne de vaccination massive pour résorber la crise en faisant le moins de dommages possible, c’est vrai. Mais la gestion de cette crise au Québec a entraîné de nombreuses violations des droits et libertés et les entorses à la démocratie ont été nombreuses.

Décrété par le gouvernement provincial le 13 mars 2020, l’état d’urgence sanitaire a duré beaucoup plus longtemps que nécessaire, soit près de trois ans. Pendant toute cette durée, nous avons eu droit à une gouvernance par décret, sans débats démocratiques. En 2021, une campagne de la Ligue des droits et libertés, appuyée par 128 organisations, réclamait la fin de l’état d’urgence et le déconfinement… de la démocratie!

En 2021, le gouvernement a interdit toute manifestation en lien avec les mesures sanitaires à moins de 50 mètres de plusieurs lieux publics: une nouvelle mesure adoptée par décret, qui bafouait de façon injustifiée la liberté de réunion pacifique.

Tort engendré

La gestion de la pandémie a fait du tort à beaucoup de gens. Le couvre-feu a accentué la vulnérabilité des personnes en situation d’itinérance, sans tenir compte de leur réalité. Près de 20 000 constats d’infractions pour non-respect du couvre-feu ont été remis en 15 mois. Le couvre-feu était une mesure liberticide, imposée sans débat démocratique, dont la nécessité n’a pas été démontrée.

Pensons également au passeport vaccinal, imposé sans aucun débat démocratique, et sans que ses impacts sur les droits et libertés soient pris en compte, ni son efficacité démontrée.

Le droit à la santé de la population, et particulièrement des personnes en CHSLD, a aussi été mis en péril parce que les gouvernements successifs ont trop limité leur vision de la santé à sa dimension curative, et négligé d’orienter les ressources suffisantes vers la santé publique. Celle-ci permet de surveiller l’état de santé global de la population et de développer des connaissances pour mieux répondre aux crises éventuelles.

Erreurs

Le personnel soignant, dont bon nombre sont des personnes racisées, a effectué un travail colossal pendant la pandémie, tout en étant surexposé à la COVID-19. Les «anges gardiens» d’alors, dévoués dans les hôpitaux et les CHSLD, furent abandonnés à la précarité de leur statut migratoire, malgré les promesses de régulariser leur situation.
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Dès le 19 mars 2020, la LDL s’alarmait du risque auquel étaient exposées les personnes incarcérées et demandait au gouvernement de prendre les moyens nécessaires pour réduire significativement la population carcérale en libérant les personnes vulnérables (femmes enceintes, personnes malades, personnes aînées, etc.). Le gouvernement du Québec a tardé à mettre en place des mesures nécessaires et a plutôt misé sur des conditions de détention inhumaines (isolement 24h sur 24, sans contact, douche et vêtements de rechange).

D’autres pandémies surviendront, et nous devons apprendre des erreurs de l’épisode de la COVID-19. Il faudra envisager des mesures sanitaires et solidaires, une vision de la santé publique respectueuse des droits et de la démocratie.