Encore plus de caméras de surveillance du SPVM – La sécurité publique ne doit pas passer par la sur-surveillance des populations

La LDL dénonce l’installation prévue cette semaine par le SPVM de neuf nouvelles caméras de surveillance dans l’espace public à Montréal.

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

Montréal, le 25 octobre 2021 – La Ligue des droits et libertés (LDL) dénonce l’installation prévue cette semaine par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de neuf nouvelles caméras de surveillance dans l’espace public à Montréal. Cette mesure, qui a été annoncée sans débat public transparent, portera atteinte de manière injustifiée à des droits humains comme le droit à la vie privée et le droit à l’égalité.

La LDL rappelle que nous avons tous et toutes le droit de circuler dans l’espace public sans être surveillé-e-s ou se sentir surveillé-e-s. En 2014, la Cour suprême a déclaré que même dans les lieux publics, toute personne conserve un droit à l’anonymat, une composante essentielle du droit à la vie privée protégé par nos chartes canadienne et québécoise. Comme le rappelle la Cour suprême dans l’arrêt R. c. Spencer : « Le simple fait qu’une personne quitte l’intimité de sa résidence et pénètre dans un lieu public ne signifie pas qu’elle renonce à tous ses droits en matière de vie privée […] il nous faut reconnaitre l’anonymat comme une des conceptions de la vie privée (par. 44). »

L’installation de caméras de surveillance dans les quartiers ciblés de Montréal va également exacerber le profilage racial, social et politique et la sur-surveillance des communautés racisées à Montréal. « Le profilage racial et social est une problématique systémique à Montréal qui perdure depuis plusieurs dizaines d’années. La solution contre la violence armée ne doit pas passer par plus de profilage et de surveillance des populations » déclare Lynda Khelil, porte-parole de la LDL.

La LDL souligne que le SPVM veut ajouter de nouvelles caméras de surveillance, mais qu’il n’a pas démontré que cet outil est efficace et nécessaire pour assurer la sécurité publique.  La LDL remet en question la nécessité même de garder actives les 24 caméras déjà installées en sol montréalais depuis 2006. « Rappelons-nous que la sécurité publique ne passe pas par les caméras et la sur-surveillance des populations ! » ajoute Mme Khelil.

« Contrairement à ce que prétend le SPVM, il ne suffit pas qu’une mesure soit “utile” pour être implantée. Il faut analyser les impacts sur les droits et libertés, ici le droit à la vie privée, le droit à l’anonymat et le droit à l’égalité » poursuit la porte-parole.

La LDL dénonce le fait que la décision ait été annoncée à la hâte aujourd’hui, en mettant la population devant le fait accompli. Aucun débat public n’a été tenu pour discuter des atteintes d’une telle mesure face aux droits et libertés. « Le SPVM doit reculer ! Il faut tenir un débat public transparent sur les caméras de surveillance à Montréal. Il faut cesser la surveillance, pas en faire plus ! » termine Mme Khelil.

À propos de la Ligue des droits et libertés

La LDL est un organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, issu de la société civile québécoise et affilié à la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Depuis plus de 50 ans, elle milite en faveur de la défense et de la promotion de tous les droits humains reconnus par la Charte internationale des droits de l’homme.

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Pour informations et entrevues :
Elisabeth Dupuis, Responsable des communications de la Ligue des droits et libertés
C : 514 715-7727