Lettre ouverte au conseil municipal de Montréal : Dites non à l’IHRA, encore!
La Ligue des droits et libertés est signataire d’une lettre ouverte de Voix Juives Indépendantes (VJI) envoyée le 9 mars 2021 à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et aux membres du Conseil municipal de Montréal. Cette lettre leur demande de prendre position contre la définition dangereusement trompeuse de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Une motion visant à adopter l’IHRA devrait être présentée lors d’une réunion du conseil municipal le 22 mars 2021, même si une motion similaire a été retirée à la suite d’une vaste opposition populaire en janvier 2020.
Lire la lettre sur le site de Voix Juives Indépendantes
Appel à l’action : envoyez votre propre lettre!
Dites-le aux conseiller-ère-s de la ville de Montréal – Non à l’IHRA, encore!
Montréal, le 9 mars, 2021
Nous vous écrivons en tant que membres et représentant.e.s de diverses parties de la communauté montréalaise. Nous sommes unis dans notre opposition ferme à toute adoption de la définition de travail à la fois controversée et trompeuse de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA).
Nous reconnaissons pleinement que l’antisémitisme représente une menace très réelle pour les Juifs et Juives du monde entier, y compris ici à Montréal, et nous sommes engagés dans la lutte à le combattre. Mais nous rejetons l’affirmation selon laquelle la définition de l’IHRA serait la meilleure méthode, voire une méthode efficace pour le combattre.
La définition de l’IHRA associe l’antisémitisme à de nombreuses formes de critique et de protestation d’Israël, ce qui constitue une menace sérieuse pour la liberté d’expression, y compris la liberté académique. En réalité, l’antisémitisme est un type de bigoterie intimement lié à d’autres formes de bigoterie qui sont souvent motivées par des mobiles et des forces similaires. En tant que tel, il doit être combattu au même titre que d’autres formes de racisme, notamment le racisme contre les palestiniens et les arabes. Malheureusement, la définition de l’IHRA place la lutte contre l’antisémitisme en opposition à la lutte pour la liberté et l’autodétermination des Palestiniens.
L’année dernière, lorsque le conseiller Lionel Perez a présenté à la ville de Montréal une motion visant à adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, celle-ci a été largement rejetée. Des centaines de personnes ont envoyé des courriels pour exprimer leur opposition, et plusieurs membres de la communauté juive de Montréal ont vivement contesté l’IHRA pendant la période de questions à l’Hôtel de ville. La motion a finalement été retirée lorsqu’il est devenu évident que l’IHRA était source d’énormes divisions, tant au sein du conseil municipal que de la communauté montréalaise.
Malgré l’opposition de plus en plus forte à la définition de l’IHRA, le 27 janvier 2021, l’arrondissement de Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) a pris la décision d’aller de l’avant avec son adoption, ne donnant que peu de préavis ou de temps pour une consultation publique. Nous craignons maintenant qu’il y ait de nouveaux efforts pour présenter au conseil municipal une motion visant à adopter l’IHRA. Nous demandons donc à la mairesse Valérie Plante et aux autres conseiller.e.s de rejeter fermement une telle motion si elle est présentée.
Un débat public sur cette définition trompeuse est en cours depuis un certain temps, et des rapports révèlent que la définition, ainsi que ses exemples illustratifs, sont utilisés pour étouffer les critiques contre Israël et cibler celles/ceux qui s’expriment en faveur des droits humains et de l’autodétermination des Palestiniens. À titre d’exemple, la définition de l’IHRA a été utilisée comme motif pour arrêter un événement caritatif de vélo pour les enfants de Gaza dans le quartier londonien de Tower Hamlets.
L’opinion publique évolue dans son opposition à la définition de l’IHRA. Pas plus tard que le mois dernier, le New Israel Fund of Canada a retiré son soutien à la définition, invoquant des “preuves inquiétantes” qu’elle sera utilisée pour étouffer la liberté d’expression en assimilant la critique d’Israël à l’antisémitisme. Au même moment, une coalition d’organisations juives libérales et progressistes aux États-Unis a lancé un appel commun demandant à l’administration Biden de ne pas conférer une valeur légale à la définition de l’IHRA, invoquant les mêmes préoccupations. Elle a également été rejetée par des organisations telles que le Congrès du travail du Canada, la Ligue de droits et libertés et la Fédération canadienne des étudiant.e.s.
La définition de l’IHRA divise et nuit. Si la ville de Montréal l’adoptait, cela aurait pour effet de transposer ces clivages dans nos communautés et nos quartiers.
Nous demandons à la Ville de Montréal de tenir bon et de refuser d’adopter la définition de l’IHRA, d’adopter une position claire et de principe en faveur de la liberté d’expression et des droits humains. Au lieu de revoir cette définition si inquiétante, nous demandons à la ville d’adopter une stratégie antiraciste intersectionnelle englobant toutes les formes de discrimination raciale, ethnique et religieuse, y compris l’antisémitisme.
Signataires :
Ligue des droits et libertés
Canadian Palestinian Foundation of Quebec/Fondation canada-palestinienne du Québec
Voix juives indépendants Montréal
Palestiniens et Juifs unis/Palestinian and Jewish Unity
Canadian Foreign Policy Institute
Alternatives
Fédération des Femmes du Québec
CKUT
Centre Justice et Foi
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Centre International de Solidarité Ouvrière (CISO)
Convergence des Luttes des Suds
Immigrant Workers’ Center
Academics for Palestine – Concordia
Solidarity for Palestinian Human Rights – McGill
Le Groupe de recherche d’intérêt public du Québec à Concordia/The Quebec Public Interest Research Group at Concordia University
Canadians for Justice and Peace in the Middle East
Tadamon!
Verdun Ensemble Contre Gentrification
Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Midnight Kitchen
l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (l’AQOCI)
Parti communiste du Québec
Ligue de la jeunesse communiste du Québec
Mouvement québécois pour la paix