5 ans de trop à la prison Leclerc!
Campagne de signatures – 8 mars 2021
LETTRE envoyée LISTE DES Signataires
Ça fait maintenant 5 ans que des conditions de détention inacceptables perdurent à la prison pour femmes Leclerc, située à Laval. Il est temps que cela change!
Merci d’avoir participé à la campagne de signatures de la Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec (CASIFQ), dont est membre la Ligue des droits et libertés, pour dénoncer les conditions de détention des femmes au Leclerc et amplifier la voix d’une des alliées des femmes incarcérées, Soeur Marguerite.
La lettre signée par 100 organisations et 1 260 personnes a été envoyée aux destinataires suivantes le 8 mars 2021, Journée internationale des droits des femmes. Merci de votre solidarité!
Mme Geneviève Guilbault
vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique
Mme Brigitte Pelletier
sous-ministre à la Sécurité publique
Mme Line Fortin
sous-ministre associée à la Direction générale des services correctionnels
Mme Isabelle Charest
ministre responsable de la Condition féminine
Mme Isabelle Melançon
députée de Verdun et porte-parole de l’opposition officielle en matière de condition féminine
Mme Christine Labrie
députée de Sherbrooke et porte-parole en matière de condition féminine de Québec Solidaire
Mme Méganne Perry Mélançon
députée de Gaspé et porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de condition féminine
Mme Véronique Hivon
députée de Joliette et porte-parole en matière de justice du Parti Québécois
Mme Marie Rinfret
protectrice du citoyen
OBJET : 5 ANS DE TROP À LA PRISON LECLERC!
Mesdames,
Les femmes incarcérées et leurs allié-e-s ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises à propos de la prison Leclerc, située à Laval.
En cette Journée internationale des droits des femmes, la Ligue des droits et libertés (LDL), la Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec (CASIFQ), dont est membre la LDL, ainsi que 100 organisations et 1 260 personnes signataires de la présente lettre joignent leurs voix à celle de Sœur Marguerite Rivard pour dénoncer les conditions inacceptables qui perdurent depuis 5 ans : les lieux sont dans un état de délabrement avancé, l’atmosphère est marquée par le mépris et les propos sexistes et dégradants, les fouilles à nu sont abusives et humiliantes, l’accès aux soins médicaux est déficient.
Rappelons que la crise sanitaire actuelle amplifie l’isolement vécu par les personnes incarcérées et que le fait d’être incarcéré augmente le risque de contracter la COVID-19. Les conditions de détention des femmes au Leclerc sont inacceptables et portent atteinte à leur droit à la dignité et à un traitement humain : il est temps que cela change!
Veuillez trouver ci-dessous la retranscription d’une lettre manuscrite rédigée en janvier 2021 par Sœur Marguerite Rivard.
Mesdames,
Je suis Sœur Marguerite Rivard, bénévole en pastorale à Tanguay, puis au Leclerc, depuis trente ans. Peut-être avez-vous à la mémoire le déménagement des femmes judiciarisées de la Maison Tanguay à l’établissement Leclerc de Laval?
Ce sera bientôt, à la mi-février, le 5ème anniversaire. Bien triste anniversaire… ! Non seulement ce fut une grande erreur, mais aussi un recul impressionnant en ce qui a trait au traitement et à la réinsertion sociale des femmes incarcérées : un déni total de justice. Ces femmes ont à vivre, depuis 5 ans, des conditions de détention fédérales, dont certaines n’existent même pas au pénitencier de Joliette.
De plus, en cet endroit, il y règne une atmosphère de mépris envers ces femmes incarcérées, de la part du personnel. Non celui de Tanguay, mais celui qui était sur place au Leclerc. On le dit ouvertement aux femmes : « On ne voulait pas travailler avec une clientèle féminine, cela nous a été imposé, alors portez-en les conséquences. » Ça se traduit, de façon quotidienne, dans un langage parfois ordurier, outrageant et toujours méprisant. C’est une honte qui ne pourra s’effacer de leur mémoire.
Aussi les conditions de vétusté et d’insalubrité du bâtiment sont pires que celles qui existent à Tanguay… alors pourquoi ce déménagement?
C’est très destructeur pour ces femmes qui ne méritent pas ce traitement injuste.
À ce tableau sombre peut-il y avoir un remède? Oui et il existe! C’est le Rapport déposé le 21 juin 2018. Rapport que vous pouvez trouver sur le site du ministère de la Sécurité Publique. Dans ce rapport, on décrit de façon admirable ce que pourrait être un milieu d’accompagnement et de réhabilitation pour ces femmes judiciarisées. Elles ont mille fois plus besoin d’aide que de punition. N’oubliez jamais qu’au moins les ¾ de ces femmes ont été abusées sexuellement enfant. Et ce sont elles qui se retrouvent en prison, alors que l’agresseur est au large… !!!
Il est urgent d’agir dans le sens proposé dans ce rapport. Urgent de réparer le tort causé à ces femmes. Urgent de rétablir une véritable justice envers elles. Urgent pour la société d’accueillir ces femmes courageuses avec tout leur potentiel humain et spirituel.
J’admire ces femmes profondément blessées dans leur être et je vous supplie d’entendre ma requête en leur faveur. Elles le méritent bien.
Bien à vous,
Sœur Marguerite Rivard
Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec
La CASIFQ est une une coalition composée de groupes et d’individus qui œuvrent pour une amélioration immédiate des conditions de détention des femmes, sortir les femmes du Leclerc et, plus largement, la désincarcération des femmes. Information : [email protected]
Ligue des droits et libertés
La LDL est un organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, issu de la société civile québécoise et affilié à la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Depuis plus de 50 ans, elle milite en faveur de la défense et de la promotion de tous les droits humains reconnus par la Charte internationale des droits de l’homme.