Québec doit fermer son bureau à Tel-Aviv

Nous, organisations de la société civile québécoise, demandons au gouvernement du Québec d’annuler l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv et de suspendre ses liens de coopération avec Israël.

Lettre publiée dans Le Soleil et les médias des Coops de l’information, le 6 juin 2024

Québec doit fermer son Bureau à Tel-Aviv

Diane Lamoureux, membre du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés ; Michèle Asselin, directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale ; Niall Clapham Ricardo, membre de Voix Juives Indépendantes – Montréal ; Marie-Hélène Hébert, membre du Collectif de Québec pour la paix.

Cette lettre a été signée par 74 organisations

Nous, organisations de la société civile québécoise, demandons au gouvernement du Québec d’annuler l’ouverture d’un bureau à Tel-Aviv et de suspendre ses liens de coopération avec Israël.

Contrairement à ce que prétendent le premier ministre Legault et la ministre Biron, le gouvernement du Québec doit tenir compte de l’offensive militaire d’envergure que mène Israël depuis le mois d’octobre 2023 dans la bande de Gaza, en continuité avec l’occupation militaire et la colonisation de la Palestine depuis 1948. Celle-ci viole les droits humains de la population palestinienne de la bande de Gaza et présente des traits génocidaires : plus de 36 000 Palestinien-ne-s ont été tué-e-s, plus de 80 000 personnes blessées, sans compter celles ensevelies sous les décombres, en plus de la famine, de conditions sanitaires catastrophiques et de l’absence de soins médicaux.

Les actions du gouvernement israélien violent également les Conventions de Genève régissant les affrontements armés. Des populations civiles font l’objet de tirs délibérés. Les logements mais aussi les écoles et les hôpitaux sont bombardés. Les ambulances et le personnel sanitaire sont pris pour cible. Les institutions culturelles et les lieux de culte sont également visés. La presse internationale se voit refuser l’accès à Gaza et les rares journalistes sur le terrain constituent des cibles de choix pour l’armée israélienne. Cette guerre est avant tout une guerre contre des civils, une guerre dont les principales victimes sont des femmes et des enfants.

À Gaza et dans les autres territoires palestiniens illégalement occupés par Israël, la volonté génocidaire se manifeste de plus en plus ouvertement et est encouragée par les autorités politiques israéliennes. La rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, a publié, le 25 mars 2024, un rapport intitulé Anatomie d’un génocide. Le University Network for Human Rights, qui regroupe les facultés de droit des grandes universités étasuniennes a aussi reconnu qu’un génocide était en cours à Gaza. Même la prudente Cour internationale de justice a reconnu en janvier dernier la plausibilité d’un génocide à Gaza. La Cour pénale internationale pourrait lancer des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre des armées Yoav Gallant.

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice imposait à Israël des mesures conservatoires concernant l’aide humanitaire et le rétablissement des services publics à Gaza. Le 24 mai, elle ordonnait la fin des opérations militaires à Rafah et la réouverture du point de passage avec l’Égypte. L’Assemblée générale des Nations unies a voté à plusieurs reprises pour un cessez-le-feu. Le Conseil de sécurité des Nations unies, dont les décisions sont exécutoires, a fait de même le 25 mars 2024. Qu’a fait Israël ? Il a poursuivi son offensive, maintenu le blocus de l’aide humanitaire et entrepris une offensive contre Rafah, le tout au mépris du droit international et des institutions internationales. Israël est un État voyou !

Nous rappelons au gouvernement du Québec ses obligations en matière de droits humains et de droit international humanitaire puisqu’en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, il incombe aux États de prendre toutes les actions nécessaires pour prévenir un tel crime. La décision du Québec d’ouvrir un bureau à Tel-Aviv va à l’encontre de cette responsabilité.

Dans les circonstances, il est inconcevable que le Québec choisisse d’intensifier ses liens commerciaux avec Israël, alors qu’un nombre croissant de pays (dont des pays européens) utilisent le boycott économique pour marquer leur désaccord avec les politiques du gouvernement israélien et reconnaissent l’État de Palestine. D’autant plus que la coopération scientifique et technique se fait principalement avec des instituts de recherche et des entreprises qui sont partie prenante de la guerre que mène Israël à Gaza. Cela contrevient d’ailleurs à la Politique internationale du Québec qui s’engage à promouvoir la démocratie et les droits et libertés de la personne.

Ici même, des campements étudiants s’inscrivent dans la mouvance BDS (boycott, désinvestissement et sanctions), une initiative de la société civile palestinienne de plus en plus soutenue par la société civile internationale, et demandent aux institutions d’enseignement de ne pas investir dans des entreprises directement liées à l’offensive militaire israélienne à Gaza et à rompre tout lien de coopération avec les universités et les instituts de recherche israéliens. Des organisations juives au Québec, au Canada et aux États-Unis se dissocient de la politique du gouvernement israélien.

Il est urgent que le gouvernement du Québec leur emboîte le pas et ne s’obstine pas à maintenir coûte que coûte sa décision d’ouvrir un bureau du Québec à Tel-Aviv, entachant ainsi sa réputation internationale. Une situation extrême telle qu’un possible génocide demande de prendre des décisions inhabituelles, mais nécessaires. Notre gouvernement doit avoir le courage politique de fermer le bureau du Québec à Tel-Aviv.

Organisations signataires :

  1. Aide pédagogique aux adultes et aux jeunes
  2. Alternatives
  3. Association québécoise des organismes de coopération internationale
  4. Avec des Elles
  5. CALACS de l’Est du Bas-Saint-Laurent
  6. Centre Au Cœur des Femmes
  7. Centre Communautaire des femmes Sud Asiatique
  8. Centre Culturel Libanais
  9. Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal
  10. Centre de Femmes Entre Ailes
  11. Centre de femmes l’Éclaircie
  12. Centre de femmes l’Érige
  13. Centre de femmes l’Essentielle
  14. Centre de femmes l’Autonomie en soiE
  15. Centre de femmes Les Elles du Nord de Chibougamau
  16. Centre des femmes de Longueuil
  17. Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
  18. Centre Entre-Femmes
  19. Centre Femmes Entre-Elles
  20. Centre international de solidarité ouvrière
  21. Centre Internationaliste Ryerson Fondation Aubin
  22. CLEF Mitis-Neigette
  23. Club Ami
  24. Coalition contre la répression et les abus policiers
  25. Collectif de Québec pour la paix
  26. Collectif opposé à la brutalité policière
  27. Collectif Soignons la justice sociale
  28. Comité des travailleurs et travailleuses accidentés de l’Estrie
  29. Comité logement Rosemont
  30. Confédération des syndicats nationaux (CSN)
  31. Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
  32. Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
  33. Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
  34. Co-Savoir (anciennement CDÉACF)
  35. Exeko
  36. Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ)
  37. Fédération des femmes du Québec
  38. Fédération des syndicats de l’action collective (FSAC-CSQ)
  39. Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
  40. Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
  41. Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
  42. Femmes du monde à Côte-des-Neiges
  43. Front d’action populaire en réaménagement urbain
  44. Halte-Femmes Montréal-Nord
  45. Health workers Alliance for Palestine / Alliance des soignant.e.s pour la Palestine
  46. Inclusion
  47. Jeunesse Lambda
  48. L’R des centres de femmes du Québec
  49. La Bonne Étoile, Joliette
  50. La Marie Debout centre d’éducation des femmes
  51. Ligue des droits et libertés
  52. Ligue des droits et libertés – section de Québec
  53. Médecins du Québec contre le génocide à Gaza
  54. Montréal pour un monde sans guerre / Montréal for a World BEYOND War
  55. Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière
  56. Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec
  57. Mouvement québécois pour la paix
  58. Organisation populaire des droits sociaux
  59. Organisation populaire des droits sociaux de Valleyfield
  60. Palestine Québec
  61. Palestiniens et Juifs unis
  62. Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata
  63. Regroupement des femmes La Sentin’Elle
  64. Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
  65. Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD)
  66. Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel
  67. Réseau d’action des femmes et santé et services sociaux
  68. Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal
  69. Sœurs auxiliatrices
  70. Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep Montmorency
  71. Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes
  72. Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie
  73. Union des Africains du Québec et Amis solidaires de l’Afrique
  74. Voix Juives Indépendantes – Montréal