Rapport d’activités 2022-2023

En cette année de son 60e anniversaire, ce rapport d’activités 2022-2023 fait état des multiples actions menées par la Ligue des droits et libertés pour la défense collective des droits humains.

Table des matières

Nous vous invitons à consulter le rapport d’activités de la Ligue des droits et libertés pour l’année 2022-2023 pour en connaître davantage sur les actions menées.

  • Mot du conseil d’administration
  • À propos de la Ligue des droits et libertés
  • Réalisation des priorités 2022-2023
  • Développement de la LDL
  • Coalitions ou regroupements
  • Vie associative
  • Ligue des droits et libertés – section de Québec
    Rapport d’activités 2022-2023
  • Annexe 1

En mouvement pour les droits humains depuis 60 ans !

En mai 1963, un groupe d’individus fondait la Ligue des droits de l’homme (qui devient Ligue des droits et libertés, en 1978) avec l’objectif de mettre les droits humains au cœur du processus culturel, social et politique de la Révolution tranquille qui transformait le Québec. Au cours des 60 dernières années, la Ligue des droits et libertés (LDL) a su mener, en collaboration avec un large réseau d’allié-e-s des mouvements sociaux et d’expertes et d’experts engagé-e-s, une multitude de luttes qui ont contribué à informer le grand public de l’idée même de l’interdépendance des droits humains. Cette conception des droits défendue par la LDL suppose que chaque droit – qu’il soit civil, politique, culturel, économique ou social – reste intimement lié aux autres droits, tout comme la condition de leur réalisation mutuelle. Suivant ce cadre de référence, les luttes conduites par la LDL furent nombreuses : pensons à son implication en faveur de l’adoption de la Charte des droits et libertés ou de la création du Protecteur du citoyen; à son engagement à l’égard des droits des personnes judiciarisées, que cela concerne la prison ou la police; son plaidoyer sans cesse renouvelé à l’égard de la liberté d’expression, du droit de manifester ou de la protection de la vie privée; sa dénonciation tenace des effets des systèmes de domination qui entraînent de l’exclusion, de la marginalisation et des discriminations avec l’horizon de poser les bases de relations empathiques, égalitaires et libres entre les différents peuples qui occupent le territoire.

Cette courte énumération au chapitre de ses contributions ne permet pas de faire honneur à tous les combats dans lesquels la LDL a été engagée. Cette riche histoire demeure méconnue chez nos membres dont une grande partie a adhéré à la LDL depuis moins d’une décennie. Pour célébrer 60 ans de Droits en mouvements, le comité 60e anniversaire de la LDL s’est proposé d’aller à la rencontre de ses membres, de ses sympathisant-e-s bref, des titulaires de droits, pour discuter des luttes passées, actuelles et futures de la LDL. Par l’entremise de conférences, d’un ouvrage collectif, d’une murale, d’un numéro spécial de la revue Droits et libertés et même d’une exposition à l’Écomusée du fier monde, la LDL s’est offert pour cet anniversaire une occasion de réfléchir sur la transmission de la mémoire et de l’héritage des luttes pour les droits humains et le legs du projet collectif qui relie les générations entre elles.

Un merci tout spécial au comité organisateur de l’ensemble des activités du 60e qui a contribué à faire de cet anniversaire un moment de réflexion sur le passé, mais un tremplin pour l’avenir.

La LDL est et restera un contre-pouvoir

Si les inacceptables violations de droits sont à l’origine de ses revendications, la LDL est résolument tournée vers la recherche des conditions qui permettront la réalisation pleine et entière des droits : il s’agit là de ce qui caractérise et distingue sa manière d’intervenir politiquement. L’essentiel de son travail s’oriente donc vers la promotion des droits humains. Toutes les activités organisées visent à offrir au grand public une compréhension des origines systémiques des violations de droits et par le fait même, nourrir la conscience selon laquelle nous avons collectivement le devoir d’exiger des pouvoirs publics qu’ils prennent leurs responsabilités en la matière. Par exemple, dans le cadre des activités du soixantième, un cycle de trois grands événements a été organisé, abordant des enjeux de l’heure comme le droit à la santé largement bafoué dans le contexte de la crise sanitaire des trois dernières années et la faillite du système public de santé, les perspectives critiques à l’égard du système carcéral alors que Québec annonce la construction d’une nouvelle prison pour femmes et enfin, sur les enjeux concernant les droits des personnes migrantes alors que plusieurs voix appellent à la fermeture du Chemin Roxham.

La LDL déploie son action sous la forme d’un ferme contre-pouvoir à l’État afin qu’il prenne ses responsabilités à l’égard des conditions de réalisation des droits humains. Par ailleurs, ce travail de contre-pouvoir est toujours d’actualité face au gouvernement provincial de la Coalition avenir Québec dont le premier ministre et certain-e-s de ses ministres semblent se faire un devoir de refuser le vocabulaire politique qui permet de dénoncer les systèmes de domination empêchant la réalisation des droits humains, comme le racisme systémique, le féminisme intersectionnel ou même l’islamophobie. De plus, la LDL se doit d’agir comme un contre-pouvoir face au gouvernement libéral fédéral de Justin Trudeau, ce qu’elle a fait notamment dans la foulée du programme de régularisation des personnes sans statut qui est en cours d’élaboration. Plusieurs groupes se mobilisent depuis longtemps pour exiger que ce programme soit véritablement inclusif et accessible, une lutte que la LDL soutient activement. La LDL agit également comme contre-pouvoir face au gouvernement fédéral qui s’engage sur la voie d’une militarisation plus importante, menace la liberté d’expression à travers les législations envisagées pour réduire les dommages en ligne, et est loin d’un bilan positif en matière d’environnement et de droits des Peuples autochtones. Enfin, dans la conjoncture politique qui est la nôtre, il est permis d’anticiper le retour d’un gouvernement conservateur à Ottawa dans un avenir rapproché, ce qui n’est jamais une très bonne nouvelle en matière de droits humains.

Portée et défis de l’interdépendance des droits humains

Le projet de société porté par la LDL est celui de l’interdépendance des droits humains, dont l’idée est consacrée lors de la Conférence de Vienne (1993) qui réconcilie le Pacte international relatif aux droits civils et politiques avec celui des droits économiques, sociaux et culturels. L’interdépendance des droits est véritablement un mantra pour les militant-e-s de la LDL et ce cadre de référence en est un qui est exigeant, car il demande d’analyser la société dans sa complexité et revendique de ne laisser personne derrière. Il fait la démonstration des logiques globales inhérentes aux systèmes qui produisent la domination, la marginalisation et l’exclusion. À ce titre, l’idée même de l’interdépendance des droits se déploie de manière magistrale si on analyse, par exemple, l’enjeu du droit au logement qui a occupé la LDL encore cette année. L’enjeu de l’accès à un logement décent et salubre et celui du maintien dans les lieux n’est pas neutre. Il affecte de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables selon une logique géographique identifiable. Il parle de transport collectif, de revenu, de racisme et de préjugés divers. Être mal logé, c’est mal vivre. Enfin, la crise climatique qui nous assaille, mais également les mesures de transitions énergétiques qui sont sur la table présentement doivent, elles aussi, être analysées à partir de l’interdépendance des droits humains et elles promettent d’affecter l’ensemble des droits par l’étendue des conséquences qui les accompagnent. D’ailleurs, la LDL saisit avec acuité l’ampleur de cette crise et est convaincue du caractère essentiel de sa lecture en matière d’interdépendance des droits humains, mais peine encore à déployer des formes plurielles d’intervention politique sur cette question. La crise climatique d’extrême actualité en est une question de l’avenir humain. Nos solidarités et nos luttes sur ce plan sont capitales.

Reconnaître les solidarités et remercier les contributions

Encore une fois cette année, et à l’image des soixante dernières, la somme de travail abattu est impressionnante comme en témoigne ce rapport d’activité et il importe de rappeler qu’il ne serait pas possible de mener toutes ces luttes sans les solidarités que la LDL entretient avec des alliés de longue date dans le milieu communautaire, dans la société civile québécoise ou avec les institutions qui l’appuient comme les universités, les fondations et les syndicats. Ce vaste réseau de solidarités établi depuis des années fédère les énergies militantes et permet d’enrichir les expertises respectives. Nous vous remercions, car ces alliances érigées sur la confiance et le respect sont la force motrice de la LDL. Rappelons que des individu-e-s investissent beaucoup de temps militant à la LDL, tant les personnes siégeant au conseil d’administration ou que celles s’impliquant dans les nombreux comités de travail qui produisent des analyses essentielles, des documents d’éducation et organisent des activités de toutes sortes. Certain-e-s de ces militant-e-s offrent des conférences au nom de la LDL ou donnent des formations (comme celle sur le racisme systémique), mettent sur pied des projets de collaboration qui permettent l’échange d’expertises, renforcent les capacités financières, matérielles ou même humaines de la LDL. Des remerciements sincères aux militant-e-s qui ont siégé de longues années sur le CA et qui l’ont quitté récemment, tout en continuant à s’invertir autrement au sein de la LDL. Enfin, à toutes ces personnes qui contribuent individuellement à ce projet collectif : mille mercis.

La Ligue des Droits et Libertés a fait appel à l’organisme MU pour produire une murale sur les murs du chalet du parc René-Goupil. Réalisée par l’illustrateur Jimmy Beaulieu, cette oeuvre, intitulée Et ainsi de suite…, illustre la convergence des luttes menées depuis la Révolution tranquille, le droit de manifester et l’interdépendance des droits humains. Ce projet a été financé dans le cadre du Programme d’art mural de la Ville de Montréal ainsi que par l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Desjardins, Caisse d’économie solidaire et Inter Pares.

Murale Jimmy Beaulieu, photo Olivier Bousquet

Parce que les combats à mener pour les réalisations des droits humains sont nombreux et parce que les militant-e-s de la LDL sont soutenu-e-s par l’infatigable et exceptionnelle équipe de la permanence formée d’Elisabeth Dupuis, Karina Toupin, Lynda Khelil, à laquelle s’est jointe Laurence Guénette, la LDL n’a jamais eu de son histoire autant de membres que ces années-ci. Nous avons de quoi célébrer, parce que notre projet des droits humains est fédérateur.

À vous, militant-e-s de la LDL, merci de parler avec autant de combativité, de verbe, de passion, de justice sociale, de liberté, de solidarité et de droits. Grâce à vous, la Ligue des droits et libertés attaque avec l’énergie de sa prime jeunesse, sa soixantaine.

Avec notre solidarité !

Le Conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés