Pendant la campagne électorale, vous vous êtes engagé à réduire la charge administrative des organismes communautaires et à mieux les soutenir. Voilà votre chance de réaliser votre promesse.
Alors que le Québec est entré de plein fouet dans la deuxième vague de la pandémie, les organismes communautaires croulent sous la paperasse ce qui leur enlève du temps précieux pour faire leur travail : aider les aînés.es à se procurer de la nourriture, leurs médicaments, à briser l’isolement. Soutenir les gens peu alphabétisés à comprendre les consignes de santé publique ou à faire leur épicerie en ligne. Accompagner les gens ayant perdu leur emploi à avoir accès au soutien financier gouvernemental d’urgence. Défendre les droits des locataires afin d’éviter qu’ils perdent leur logement. Soutenir les parents et les familles. Par exemple, quoi faire pour bien se protéger dans le cas des gardes partagés? Et plus encore!
Depuis le début de la crise, vous ne tarissez pas d’éloges envers leur travail exceptionnel et avec raison. Ils sont résilients, volontaires, capables de s’adapter rapidement. Ils sont en première ligne pour soutenir la population, en particulier les personnes en situation de vulnérabilité. Ils tiennent le filet social à bout de bras et nous permettent de rebondir collectivement face à la crise.
Pourtant, plusieurs tardent à obtenir le soutien d’urgence dont ils ont besoin pour combler les pertes de revenus, l’achat de matériel sanitaire, la réorganisation des locaux, etc. Les organismes en éducation font partie des nombreux laissés-pour-compte alors qu’ils se démènent pour adapter leurs activités et maintenir leur soutien auprès des jeunes que l’école ne rejoint plus, d’adultes peu alphabétisés et leur famille, ainsi qu’auprès d’organismes ayant besoin de formation et d’accompagnement.
Lorsque des fonds d’aide sont consentis, votre gouvernement les écrase d’une lourde bureaucratie, en exigeant plus de paperasse, de performance et de rapports statistiques.
Les organismes Famille ont reçu un financement d’urgence de 5 M$. Bien que des critères aient été assouplis suite aux demandes des groupes, plusieurs ont renoncé à ces montants étant dans l’impossibilité de se conformer aux exigences bureaucratiques, alors qu’ils accompagnent les familles depuis les débuts de la pandémie et qu’ils ont un criant besoin de financement.
Les organismes en santé et services sociaux quant à eux sont particulièrement touchés par ce zèle bureaucratique alors qu’ils sont en première ligne pour soutenir les jeunes, les aînés, les femmes, les personnes seules et itinérantes, et tant d’autres. Les conditions d’accès au fonds visant à soutenir les groupes en santé mentale est éloquent : trois versements, conditionnels à deux rapports statistiques, démontrant l’accroissement du nombre de personnes soutenues, des heures allouées, des ressources humaines et matérielles ajoutées.
Enfin, le fonds d’urgence de 2 M$ destiné aux organismes en défense collective des droits et aux corporations de développement communautaire, donne seulement un mois pour demander des sommes visant à pallier les pertes en autofinancement.
Pire encore, vous faites courir des risques inutiles à des centaines de personnes en obligeant des groupes à tenir des assemblées générales annuelles d’ici au 31 décembre pour maintenir leur financement de base. Quelle incohérence alors les équipes sont épuisées, que l’exclusion numérique est très présente et que la Santé publique appelle la population à éviter tout rassemblement pouvant occasionner des éclosions dans les communautés et les milieux de travail.
M. le Premier Ministre, il est impératif que votre gouvernement soit à l’écoute des organismes et qu’il respecte leur autonomie et leur connaissance du terrain.
C’est pourquoi nous vous demandons de mettre un terme aux excès bureaucratiques, tant pour le financement de base que pour celui lié à la pandémie, et de mettre en place des fonds d’urgence accessibles à tous les organismes d’action communautaire autonome afin d’aider les organismes dans ce qu’ils font de mieux, être auprès de la population.
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Liste des signataires au 16 octobre 2020
Caroline Toupin, Réseau québécois de l’action communautaire autonome
Mercédez Roberge, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
Hugo Valiquette, Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires
Christian Pelletier, Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec
Mélanie Marsolais, Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage
Shanie Roy, Regroupement des organismes en défense collective des droits
Sylvie Lévesque, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec
Marie Simard, Confédération des organismes familiaux du Québec
Martin Boire, Table nationale des corporations de développement communautaire
Suzanne Leroux, Coalition des organismes communautaires autonomes de formation
Ken Monteith, Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida
Gaelle Fedida, Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale
Julie Ouellet, Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec
Michèle Asselin, Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
Michel Alexandre Cauchon, Fédération des centres d’action bénévole du Québec
Marjolaine Deneault, Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec
Sandrine Tarjon, Association des haltes-garderies communautaires du Québec
Jocelyne Gamache, Regroupement des cuisines collectives du Québec
Nicholas Legault, Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ)
Janie Bergeron, Regroupement des organismes ESPACE du Québec
Jean-Pierre Ruchon, Regroupement des ressources alternative en santé mentale du Québec (RRASMQ)
Kim Paradis, Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail
Sarah Landry et Roxanne Lorrain, Groupe MAMAN, Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et pour l’accouchement naturel
Marie-Andrée Gauthier, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Eve-Marie Lacasse, Ligue des droits et libertés
Mélanie Sanschagrin, Fédération québécoise des centres communautaires de loisir
Doris Provencher, Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec
Margo Legault, Literacy Quebec (LQ)
Anik Larose, Société québécoise de la déficience intellectuelle
Ariane Marchand-Labelle, Conseil québécois LGBT
Caroline Dépault, Regroupement québécois des CALACS
André Guérard, Association québécoise des centres communautaires pour aînés (AQCCA)
Audrey Sirois, Regroupement des organismes communautaires pour le travail de rue
Paule Dalphond, Regroupement des Auberges du coeur du Québec
Mélanie Perroux, Regroupement des aidants naturels du Québec
Nathalie Dubois, Fédération des centres d’assistance et d’accompagnement aux plaintes (FCAAP)