Projet de loi 14 – Loin d’être à la hauteur pour mettre fin au profilage et à l’impunité policière

La LDL dénonce que le PL 14 déposé par le gouvernement du Québec ne propose ni l’interdiction des interpellations policières au sens de street check ni une réforme en profondeur du Bureau des enquêtes indépendantes.

 

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

Montréal, le 15 mars 2023 – La Ligue des droits et libertés (LDL) a pris connaissance du dépôt aujourd’hui du projet de loi 14 (PL 14), Loi modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues. La LDL déplore que le gouvernement ne prenne pas les mesures nécessaires pour interdire les interpellations policières, ni pour contrer l’impunité policière en réformant le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) en profondeur.

La LDL dénonce que le gouvernement du Québec n’interdise pas les interpellations policières, une pratique que l’on appelle aussi street checks (les interpellations se distinguent des interceptions routières sans motif ayant fait l’objet de la décision Luamba). Source de profilages racial et social, une pratique attentatoire aux droits et dénuée de fondement juridique, l’interpellation est une pratique arbitraire qui doit être interdite partout au Québec, et non encadrée tel que prévoit le gouvernement. Le 15 février dernier, la LDL lançait une campagne exigeant l’interdiction des interpellations policières. À ce jour, 77 organisations québécoises appuient la déclaration revendiquant l’interdiction de la pratique des interpellations policières par le gouvernement du Québec.

Le PL 14 ne propose pas la réforme en profondeur du BEI qui serait pourtant nécessaire en vue d’assurer une véritable reddition de compte des corps policiers. En 2020, la LDL et la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP) ont publié un bilan des trois premières années d’activités du BEI. Le constat, toujours d’actualité, est que le BEI n’est pas l’organisme indépendant de la police, impartial et transparent dont il se targue. La LDL et la CRAP avait formulé des recommandations à l’effet d’apporter des modifications législatives et règlementaires essentielles, qui ne trouvent pas d’écho dans le PL 14.

La compréhension de la LDL est aussi à l’effet que le PL 14 permet aux corps de police de continuer de mener des enquêtes sur des infractions criminelles commises par un policier. Pourtant, le projet de loi 18, mort au feuilleton lors de la dernière législature, prévoyait que le mandat d’enquêter sur des allégations relatives à des infractions criminelles commises par des policiers ou des constables spéciaux devait dorénavant être confié au BEI. Pourquoi le gouvernement ne donne-t-il pas suite à la recommandation #2 du rapport de 2017 de Me Michel Bouchard, Rapport d’enquête administrative sur la Division des affaires internes du SPVM ?

La LDL poursuit son analyse détaillée du PL 14 et souhaite présenter son mémoire lors des consultations particulières et auditions publiques qui sont attendues.

Citations

« Avec ce projet de loi, le gouvernement du Québec a l’occasion d’interdire les interpellations policières, mais il ne le fait pas. L’interpellation est une pratique arbitraire qui bafoue les droits et libertés des personnes interpellées et crée de l’insécurité auprès des personnes et des communautés visées par la police. Toute tentative des autorités de mettre des balises aux interpellations n’est que de la poudre aux yeux ! » déclare Lynda Khelil, porte-parole de la LDL.

« Alors que le rôle et les actions de la police sont scrutés à la loupe et que la culture policière est fortement critiquée, la nécessité d’un Bureau d’enquête complètement indépendant de la police, impartial et transparent est primordiale. Une réforme en profondeur du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) est nécessaire » déclare Lynda Khelil, porte-parole de la LDL.

Faits saillants

La Nouvelle-Écosse a interdit les interpellations depuis 2019, à la suite d’un avis juridique indépendant qui concluait que les policiers dans cette province n’ont pas le pouvoir de faire des interpellations. Voir la directive du ministre de la Justice de 2021.

Bilan de la Ligue des droits et libertés et de la Coalition contre la répression et les abus policiers (la CRAP) publié en septembre 2020, Regards critiques sur les trois premières années d’activité du Bureau des enquêtes indépendantes.

Campagne pour l’interdiction des interpellations policières

Liste des signataires de la déclaration pour l’interdiction des interpellations policières

  1. Aide aux Trans du Québec
  2. Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  3. Amnistie internationale Canada Francophone
  4. Association de l’Ouïe de l’Outaouais
  5. Association de Solidarité et d’Entraide Communautaire (ASEC) de la Vallée-de-la-Gatineau
  6. Association des Avocats de la Défense de Québec
  7. Association des avocats de la défense Montréal-Laval-Longueuil
  8. Association des juristes progressistes
  9. Association Marocaine des Droits Humains, section Canada
  10. Association québécoise des avocats et avocates de la défense
  11. African Nova Scotian Justice Institute
  12. British Columbia Civil Liberties Association
  13. Bureau de consultation jeunesse
  14. CALACS du Saguenay
  15. Centre de femmes l’Érige
  16. Centre de femmes l’Essentielle
  17. Centre de recherche-action sur les relations raciales
  18. Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
  19. Centre ressources pour femmes de Beauport
  20. Centre social d’aide aux immigrants
  21. Chinois progressistes du Québec
  22. Clinique Droit de cité
  23. Clinique Droits Devant
  24. Clinique juridique de Saint-Michel
  25. Clinique juridique du Grand Montréal
  26. Clinique juridique itinérante
  27. Coalition contre la répression et les abus policiers
  28. Coalition des groupes jeunesse LGBTQ+
  29. Coalition Rouge
  30. Collectif La ville que nous voulons
  31. Collectif Opposé à la Brutalité Policière
  32. Comité Logement Rosemont
  33. ConcertAction Femmes Estrie
  34. Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
  35. Conseil québécois LGBT
  36. Corporation Jeunesse l’Évasion l’Ormière
  37. Dans la rue
  38. Divergenres
  39. Droits-Accès de l’Outaouais
  40. Espace Gaspésie-les-Îles
  41. ESPACE région de Québec
  42. Femmes Autochtones du Québec
  43. Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  44. Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec
  45. Head & Hands
  46. Hoodstock
  47. Illusion Emploi de l’Estrie
  48. Lakay Media
  49. L’Écho des femmes de la Petite Patrie
  50. Ligue des droits et libertés – section de Québec
  51. Maison Benoît Labrie
  52. Maison de la famille des Frontières
  53. Maison des jeunes l’Atôme de Stoneham-et-Tewkesbury
  54. Maison des jeunes L’Ouverture
  55. Mouvement Action-Chômage de Montréal Inc
  56. Nord Sud Développement Racines et Culture Canada
  57. Organisation populaire des droits sociaux
  58. Plein Milieu
  59. Radlaw McGill
  60. Regroupement des cuisines collectives du Québec
  61. Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal
  62. Relais La Chaumine
  63. Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal
  64. RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal
  65. Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
  66. Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
  67. Réseau québécois des groupes écologistes
  68. Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec
  69. RÉZO, santé et mieux-être des hommes gais et bisexuels, cis et trans
  70. ROSE du Nord
  71. Services juridiques communautaires de Pointe-Saint-Charles et Petite-Bourgogne
  72. Solidarité Sans Frontières
  73. Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
  74. Table des groupes de femmes de Montréal
  75. Table des organismes communautaires de lutte contre le VIH/sida
  76. Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
  77. Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal

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À propos de la Ligue des droits et libertés

Depuis 1963, la Ligue des droits et libertés (LDL) a influencé plusieurs politiques gouvernementales et projets de loi en plus de contribuer à la création d’institutions vouées à la défense et la promotion des droits humains. Elle intervient régulièrement dans l’espace public pour porter des revendications et dénoncer des violations de droits auprès des instances gouvernementales sur la scène locale, nationale ou internationale. Son travail d’analyse, de sensibilisation et de promotion est primordial pour que les droits humains deviennent la voie à suivre vers une société juste et inclusive, pour tous et toutes. Comme organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, la LDL vise à défendre et à promouvoir l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance des droits reconnus dans la Charte internationale des droits de l’homme.

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