Le capitalisme de surveillance

Le capitalisme se développe en transformant toutes les activités humaines et tous les éléments de la vie sur terre en marchandises qui peuvent être vendues et achetées. La reconnaissance faciale doit être considéré comme un outil au service du capitalisme de surveillance.

Les mécanismes clés du capitalisme de surveillance sont incompatibles avec la démocratie et les droits humains.

« Mon point de vue est le suivant : qu’il s’agisse de l’antitrust ou du règlement général sur la protection des données (rgpd), nous n’avons pas encore le type de lois et de paradigmes de réglementation (de chartes, des droits et de structures institutionnelles) dont nous avons besoin pour rendre cet avenir numérique compatible avec la démocratie.

Et cela veut dire que nous n’avons pas les outils, les outils juridiques dont nous avons besoin pour suspendre et interdire les mécanismes clés du capitalisme de surveillance. Il est donc essentiel de comprendre ces mécanismes, car, une fois qu’on les a compris, la perspective de les suspendre et de les interdire n’est pas aussi écrasante. »

Source :
Shoshana Zuboff : « Nous avons besoin de nouveaux droits pour sortir du capitalisme de surveillance »,
par Yves Citton AOC, professeur de littérature et médias, 24 octobre 2020

Le début du 21e siècle marque une nouvelle ère – celle du capitalisme de surveillance – qui transforme nos données personnelles en produits marchands.

Le capitalisme de surveillance : dernier stade du capitalisme à l’ère numérique


L'expérience personnelle comme marchandise...

Le capitalisme se développe en transformant toutes les activités humaines et tous les éléments de la vie sur terre en marchandises qui peuvent être vendues et achetées.

Or, une nouvelle source de matière première qui pouvait être introduite dans la logique du marché est apparue : l’expérience humaine personnelle, traduite en données comportementales par des processus informatiques.

...à notre insu

À partir des données personnelles que nous rendons disponibles en échange de services, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) induisent ou déduisent des informations nous concernant que nous n’avions jamais eu l’intention ni la conscience de divulguer (orientation politique, personnalité, orientation sexuelle, etc.)

Avec Facebook, la collecte d’informations s’étend à l’utilisation de points d’exclamation dans des textes et d’émoticônes, des mouvements des muscles des visages, etc. pour déceler des micro-expressions qui trahissent des émotions, des comportements - c’est ce qu’on appelle « le surplus comportemental ».

Ces entreprises s’approprient notre expérience personnelle afin de comprendre et d’influencer nos comportements.  C’est ce que Shoshana Zuboff appelle le commerce de l’avenir humain.

Le gouvernement du Canada doit encadrer le développement du numérique par des lois et des règlements robustes.

Un cadre réglementaire s'impose!


Rappelons-nous le début de l'ère industrielle

Au début du développement industriel, il n’y avait pas de lois interdisant le travail des enfants, de syndicats reconnus, de droit de négociation, de droit de grève, de protection sociale des salarié-e-s, etc. Ces protections ont été obtenues après plusieurs décennies de lutte.

De la même manière, nous nous dirigeons vers un avenir numérique sans un encadrement de ce développement qui menace les droits et libertés et la démocratie.  En cette 3e décennie du capitalisme de surveillance, il y a urgence de nous atteler au travail et d’imposer un cadre réglementaire, sans quoi il sera trop tard.

L'expérience personnelle à protéger

Les marchés qui font le commerce de l’avenir humain devraient être illégaux - ils entraînent des conséquences néfastes, dangereuses et antidémocratiques, et des préjudices intolérables dans une société démocratique.

Revendiquons un droit à la protection de l’expérience personnelle.

Non à la reconnaissance faciale : vous ne pouvez pas prendre mon visage!

Soustrayons la technologie numérique de l’emprise du capitalisme de surveillance afin de la mettre au service de nos aspirations et qu’elle réponde aux véritables besoins sociaux.

 

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