Des voix s'élèvent contre la reconnaissance faciale
À travers le monde, des organisations comme le Haut-Commissariat aux Nations Unies, le Commissaire à la vie privée du Canada, le Citizen Lab et le Contrôleur européen de la protection des données dénoncent les utilisations de la reconnaissance faciale. Des changements majeurs s'imposent pour protéger les droits et libertés.
Ici et ailleurs, des voix s'élèvent contre les utilisations de la reconnaissance faciale.
BCCLA, une importante organisation vouée à la défense des libertés civiles et de protection de la vie privée, appelle le gouvernement fédéral à interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale par les agences de renseignement et les force de l’ordre fédérales.
“At a time when society is pushing to address systemic racism in policing, adopting a technology that is known for its racial biases is a move in the wrong direction,” says Harsha Walia, Executive Director.
“Now is the time for all levels of government in Canada to enact bans on facial recognition surveillance by law enforcement and intelligence agencies.”- 3 février 2021
La Canadian Civil Liberties Association (CCLA) appelle à un moratoire sur l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale tant que les Canadien-ne-s ne sont pas mieux protégé-e-s par une législation claire et efficace car cette technologie peut entraîner de graves violations du droit à la vie privée et à la sécurité.
La CCLA a participé, avec des organisations de défense des libertés civiles de 12 autres pays, à un important rapport du International Network of Civil Liberties Organisations (INCLO) sur l’utilisation abusive de la reconnaissance faciale au Canada et à travers le monde, Facial Recognition Tech Stories and Rights Harms From Around the World.
Voici un extrait du Rapport (2020) To Surveil and Predict: A Human Rights Analysis of Algorithmic policing in Canada
“Facial recognition technology has also been the focus of widespread concern and increasingly decisive action in the United States. As of writing (ndlr. 2020), four cities have banned the use of facial recognition technology by government and law enforcement: Boston and Somerville in the state of Massachusetts, and San Francisco and Oakland in the state of California.
Additionally, in June 2020, the Association for Computing Machinery (ACM) United States Technology Policing Committee (USPTC) publicly called for “an immediate suspension of the current and future private and governmental use of facial recognition (FR) technologies in all circumstances known or reasonably foreseeable to be prejudicial to established human and legal rights.”
Major technology players have added their weight to concerns about facial recognition, contributing to a rising tide questioning the value and impacts of the technology. IBM publicly withdrew from any further development or sales of facial recognition technology, citing concerns with racial profiling by police. Microsoft stated that it would refuse to sell its facial recognition technology to police services until there are federal laws in place that regulate its use. Amazon imposed on itself a one-year moratorium on sales of facial recognition technology to police services, ostensibly to “give Congress enough time” to implement regulations. Google has also indicated support for a temporary ban on facial recognition technology. In 2019, Axon Enterprise (formerly TASER) banned facial recognition systems from its body cameras.”
« Il est tout à fait inacceptable que des millions de personnes qui ne seront jamais impliquées dans un crime se retrouvent constamment dans une parade d’identification policière ».
─ Daniel Therrien, commissaire à la protection de la vie privée du Canada, le 3 février 2021.
« Dans certains contextes, l'utilisation d'un système de reconnaissance faciale pourrait avoir des effets discriminatoires sur certains groupes d'individus, ce qui va à l'encontre du droit à la non-discrimination […] Plusieurs études démontrent que la reconnaissance faciale est moins fiable pour établir des correspondances lorsque les personnes visées sont non blanches, ou lorsqu'elles sont des femmes, des personnes âgées ou des enfants. Dans un tel cas, un problème de fiabilité entraîne un problème d'équité et de discrimination potentielle. »
“Facial recognition should be banned in Europe because of its “deep and non- democratic intrusion” into people’s private lives” – 23 avril 2021
Un réseau de 44 ONG européennes
L’European Digital Rights Association (EDRi) et ses membres demandent l’interdiction totale au niveau européen de l’utilisation des technologies de surveillance biométriques dans l’espace public.
Ils ont lancé une campagne Reclaim your face (Réappropriez-vous votre visage) avec l’appui de 12 organisations européennes.
« We are standing up for people’s rights to participate in public life – without being treated as potential suspects or experimental test subjects. » (Nous militons pour le droit des personnes de prendre part à la vie publique sans être traitées comme des suspects potentiels ou des sujets de laboratoire. – notre traduction)
« We would never accept a person following us constantly, monitoring and assessing who we are, what we do, when and where we move. » (Nous n’accepterions jamais qu’une personne nous suive tout le temps, surveillant et évaluant qui nous sommes, ce que nous faisons, ainsi qu’où et quand nous nous déplaçons. – notre traduction)
« La reconnaissance faciale ne devrait pas être utilisée dans le cadre de manifestations pacifiques sans la mise en place de garanties essentielles en matière de transparence, de protection des données et de surveillance », a déclaré Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, dans un communiqué, le 25 juin 2020.
Elle demande par conséquent que la technologie de reconnaissance faciale dans le cadre de manifestations pacifiques fasse l’objet d’un moratoire, jusqu’à ce que les États remplissent certaines conditions en matière de respect des droits humains.
Ces conditions comprennent notamment « une surveillance efficace et indépendante de son utilisation, des lois strictes sur la protection de la vie privée et des données, et une transparence totale quant à l’utilisation des enregistrements d’images et de la technologie de reconnaissance faciale dans le contexte des rassemblements ».
Petit guide sur les enjeux de la reconnaissance faciale
« De façon générale, l’utilisation de la reconnaissance faciale par les services de police dans l’espace public peut donc faire craindre à l’instauration d’une surveillance généralisée des individus, manifestement disproportionnée au regard de l’objectif de maintien de l’ordre public. »
Article “Police and governments may increasingly adopt surveillance technologies in response to coronavirus fears”, 23 mars 2020.
“Government and agencies including law enforcement need to practice extreme caution and openness if measures involve surveillance technologies. There is potential that they may become features of everyday life long after the virus has gone, opening up new areas of use (or abuse) – a phenomenon known as surveillance creep.
Surveillance technologies can come at a cost not only to privacy, but to other political rights and freedoms – their use can cost innocent people the right to live their lives free of surveillance. Marginalized communities are even more vulnerable given their history in being over-policed.”